[Tex. Mensuel n° 458, 459, 460, Mescaleros ! | Gianluigi Bonelli ; Aurelio Galleppini]

Tex Willer est le prototype du héro inoxydable. Les années accumulées sur ses larges épaules n’arrivent pas à le rouiller. Le ranger au regard droit et dur est aussi le chef, Aigle de la nuit, reconnu et admiré des Navajos. Les éditions Clair de lune ont eu le bon goût de réunir trois épisodes des aventures de Tex en un seul volume de 332 pages. L’histoire est complète. Elle se dévore en plusieurs traites car elle est copieuse et elle ne compte aucun temps mort. Le scénario est parfaitement huilé et les personnages sont étonnamment bien campés. Ils ont une épaisseur qui les rend crédibles. Tex ne tire pas la couverture à lui seul. Le scout Laredo fait montre d’un courage et d’une lucidité exemplaires. L’ami indien Tiger Jack ne fait pas non plus de la figuration. Le chef apache Chunz a réuni nombre de jeunes guerriers Mescaleros jusqu’à lors parqués en réserve et traités avec mépris par l’administration militaire, notamment par le lieutenant Parkman qui saura aussi emmener tout un détachement du troisième de cavalerie vers une mort certaine du fait de son aveuglement, de sa bêtise et de son incompétence. Sa fiancée, Liz Starret, fille de colonel, est une belle jeune femme pleine d’audace, au caractère bien trempé dont les yeux vont se dessiller à mesure que les hommes se révèleront dans l’action. Tex cherche à éviter des massacres de populations indiennes et tente d’éliminer le redoutable Chunz. La partie est loin d’être gagnée d’avance et les pertes s’accumuleront de part et d’autre, cruelles et définitives.
Bien que tous les ingrédients du western soient utilisés à l’envi, la sauce est prise, épicée, savoureuse. A l’évidence, l’auteur s’est documenté sur l’histoire et la vie indiennes. Tex se déguste et comme la madeleine proustienne, réveille par les papilles toute une mémoire enfouie. C’est une lecture d’enfance toujours d’actualité. Le dessin en noir & blanc de Jose Ortiz est une totale réussite, vif, précis, expressif. On peut parfois regretter que le visage de Tex apparaisse trop monolithique. On peut aussi de temps à autre souffrir à lire les coquilles qui empèsent les dialogues mais dans l’ensemble, l’aventure de Tex Willer est délectable, goûteuse, persistante en bouche. L’appétit est aiguisé et l’intérêt éveillé pour la suite des aventures du ranger fumeur qui se les roule (ses cigarettes, of course !).

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