Ce petit livre se compose de :
- un avertissement, sur les circonstances de la rédaction de l'ouvrage, qui nous apprend que l'auteur dîne avec Pierre Boulez et d'autres; j'en note une jolie phrase sur l'écriture romanesque : "La main qui écrit est plutôt une main qui fouille le langage qui manque, qui tâtonne vers le langage survivant, qui se crispe, s'énerve, qui du bout des doigts le mendie." (p. 11);
- un conte fabuleux sur un nom "sur le bout de la langue", ayant pour cadre la Normandie du Xe siècle, et qui me fait beaucoup penser aux Fables italiennes d'Italo Calvino, en plus... étiolé;
- une esquisse de discours poético-savant sur le langage, la mémoire, le rêve, l'érection... (!)
J'en retiens un paragraphe qui parle sans doute beaucoup aux plurilingues de naissance (sans leur être adressé):
"Qu'un mot puisse être perdu, cela veut dire : la langue n'est pas nous-mêmes. Que la langue en nous est acquise, cela veut dire : nous pouvons connaître son abandon. Que nous puissions être sujets à son abandon, cela veut dire que le tout du langage peut refluer sur le bout de la langue. Cela veut dire que nous pouvons rejoindre l'étable ou la jungle ou l'avant-enfance ou la mort." (p. 60)
Le reste est aussi verbeux que présomptueux.
Début ingrat d'une rencontre avec un auteur dont j'ai déjà acquis trop d'ourages (4 y compris les
Petits traités); laquelle me semblait pourtant nécessaire et utile. Mais je ne suis pas tolérant envers le verbiage, surtout sur le langage. Ni je n'ai plus l'âge de penser que celui qui ne lit pas le latin (et le grec) ne sait rien du tout...
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