Quelques idées heureuses sur la similitude métaphorique entre l'élan vital, le désir de connaissance (lecture), le désir d'expression dans le partage (écriture), la pensée formulée par l'écrit. Tout cela est désir, mais on ne lit que quelques pages sur le désir. Dans la seconde moitié de l'essai, l'on trouve plusieurs notes ça et là sur le devoir-être du roman, par rapport au "mouvement de balancier entre le monde et le langage", ce qui peut être utile comme poétique de l'auteure : "Que j'assigne au roman la tâche première de dire le monde ne me fait pas oublier que dire le monde, c'est presque l'inventer" (p. 85)
Mais les limites de cet ouvrage au sujet si ambitieux, l'auteure a la lucidité et l'honnêteté de les dénoncer elle-même au début de l'avant-dernier court chapitre:
"Cette limite: celle de cet essai où j'essaie de parler du roman et du désir, sachant que je ne fais jamais qu'indiquer le lieu d'où jaillit le désir du roman, sans jamais l'atteindre, que je tourne autour avec mes mots, mes images, que je le désigne mais ne le décris pas - ou alors par défaut, à force de le circonscrire, sans énoncer son centre." (p. 108)

Une petite curiosité pour certains agoriens adeptes de la marche (par ex. ceux qui aiment Bernard Ollivier !):
"Nous marchons. C'est-à-dire que nous sommes des êtres de désir. Nous marchons. Il faut pour cela un élan, l'élan inaugural qui redresse le corps, le met à la verticale (pieds sur la terre et tête aux étoiles), puis crée le mouvement. Nous désirons. Le pied quitte le sol, se plie vers l'avant et en cet instant accepte le déséquilibre, met tout le corps en danger de chuter, se pose et déjà l'autre pied suit. On dit qu'en hébreu vivre et marcher sont un même verbe." (p. 13)

(On se rend compte de l'éloignement avec l'écriture et le désir, on comprend le style du texte, mais bon, ça en valait la peine, me semble-t-il : ainsi pour la lecture de l'essai).

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Merci apo pour la note de lecture et plus particulièrement pour la citation concernant la marche. Je me suis senti un peu visé alors je te salue, dans l'élan inaugural qui redresse le bras, amicalement.

Franz

Merci à toi. J'adore cette convivialité de l'Agora