[Rahan et la mangeuse d'hommes | Roger Lécureux, André Chéret]
« Mille millions de mille sabords ! » Rahan prend l’eau de toute part. Ses nouvelles aventures flirtent avec le sous-entendu graveleux. Onka-na la prêtresse est une naïade qui attire dans les filets de sa nudité un Rahan qui n’a jamais peur de « celles-qui-marchent-debout », surtout quand elles « rampent » sur l’eau dans la tenue d’Eve. Plongeon, course aquatique puis ceinturage d’Onka-na. Celle-ci hurle au sacrilège, à l’infamie. Rahan a posé la paluche sur la prêtresse sacrée. Les guerriers dont Noook le sorcier, juché sur un iguane géant, déboulent dans la mangrove à la rescousse. Rahan est capturé et devra être sacrifié, le cœur dévoré à la « première lune ronde ». Onka-na est une mangeuse d’homme au sens littéral du terme. Ouf ! Elle ne les croque pas mais elle les dévore de l’intérieur, ce qui ne vaut guère mieux. Rahan est dépossédé de son coutelas (phallus). Comment va-t-il s’extirper de ce guêpier et retrouver toute sa virilité en mettant à nouveau la main sur la précieuse arme d’ivoire poli ? Deviendra-t-il misogyne avant l’heure ? Le scénariste Roger Lécureux s’est laissé aller et s’amuse des codes et des symboles. Il est toutefois à la limite de dévoyer son héros. André Chéret a quelque peu perdu la main et son dessin ne possède plus la chair et la profondeur d’antan. Les visages dessinés sont parfois à la limite du schématisme. La simplification du trait fait ressortir cruellement l’approximation des anatomies. Même au temps des âges farouches, le lecteur devra chercher le temps des origines quand Rahan débutait ses aventures en noir & blanc dans les pages de Pif gadget pour peser à leur juste valeur les qualités majeures de la saga.
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