Le petit monde de Don Camilo » de Giovanni Guareschi parut en 1948 et fut adapté au cinéma trois ans plus tard. Il est utile de le rappeler tant le film de Julien Duvivier a vampirisé le livre.
Il est vrai que l'interprétation de don Camillo par Fernandel et de Peppone par Gino Cervi donne l'avantage aux acteurs, donc au film. Les deux « monstres sacrés » en font des tonnes comme c'était l'habitude à cette époque. Le cinéma de (grand) papa !
Le principal est que le film amène au livre, car il en vaut la peine.
Guareschi nous raconte la vie d'un village du Po et de ses habitants, à travers son curé, don Camilo et Peppone,son maire communiste.
Inutile de rappeler qu'entre eux, c'est une saine opposition, un cordial affrontement pour défendre chacun ses partisans, pour agir lors de tous les événements qui ponctuent la vie du village de Brescello. Chaque décision du maire amène une réaction du curé, chaque initiative de don Camilo est endiguée par la contre-offensive de Peppone.
Les scènes sont très bien observés et très vivantes, le ton est léger et si la préférence de l'auteur va à don Camilo, Peppone n'apparaît pas comme un faire-valoir. Ce qui équilibre les situations et donne un sens supplémentaire au livre, bien loin de la pochade.
Car, à travers ces chroniques villageoises, l'écrivain montre aussi son talent de journaliste en restituant la réalité historique de l'Italie de l'après-guerre, quand deux visions, deux mondes étaient en concurrence : le monde traditionnel rassemblé autour de la puissance catholique - monde essentiellement rural (et des petites villes) -, et le monde organisé autour du le Parti communiste italien, monde des ouvriers,des « fonctionnaires » et des villes.
C'est la bataille entre le clocher et le carillon de la mairie.
Mais ce qui fait du « petit monde de don Camilo » une oeuvre d'intérêt c'est toute l'humanité dont les personnages imaginés par Guareschi sont pétris.
De cette pâte ressortent des hommes de conviction mais qui vivent dans la « coexistence pacifique ». C'est un trait important car si l'on revient au contexte, le PCI était déjà cette époque le parti le moins inféodé à Moscou et le plus « social-compatible ».
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