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[Faire le mort | Didier Blonde]
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Franz



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Posté: Ven 08 Mai 2009 16:37
MessageSujet du message: [Faire le mort | Didier Blonde]
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En quête d’identité dans un Paris recomposé, le narrateur est nègre. Il endosse la vie des autres et rédige incognito leurs mémoires. Mis au chômage, il erre dans la ville et se retrouve à la cinémathèque du palais de Chaillot où est projeté le Fantomas de 1913 réalisé par Louis Feuillade. René Navarre qui tenait le rôle du génie du crime s’était fait doubler dans certaines scènes : « Ces yeux qui ne cillaient pas brillaient comme un éclat de verre. Ce n’était plus les siens. On les aurait dits enchâssés sur un mannequin de cire. » Les films muets, sans générique, occultaient toujours les doublures ou les cascadeurs. Ainsi, « tout le monde savait que ce n’était pas Max Schreck qui interprétait le vampire [Nosferatu], mais qui, alors ? Le secret a été bien gardé. Un inconnu ? On avait parlé de Murnau lui-même. » Tel un enquêteur de police, l’écrivain « caméléon » va remonter des pistes ténues d’événements vieux de plusieurs décennies afin de mettre un nom sur un acteur devenu un fantôme et qui fut une star à son époque. En épluchant les revues d’époque, en triturant des souvenirs, en déchiffrant sur les lèvres muettes des acteurs des paroles révélatrices, en arpentant les ultimes reliques d’un Paris défunt, le narrateur ressuscite le parcours du grand Sudor qui est peut-être l’alias de Louis Manekine. L’hôtel délabré et inhabité du 85 boulevard Pereire reprend vie dans son imagination avec ses salles de bains « ornées de cygnes de marbre », les fresques, les lampes de Gallé et de Daum, les tentures, le plafond vitré : « Là se sont croisés Boni de Castellane, Greta Prozor et Cocteau, Isadora Ducan… ». La révélation va se produire rue Dobropol, « une petite rue écartée du XVIIe arrondissement [qui] relie le boulevard Gouvion-Saint-Cyr au boulevard de Dixmude, à côté du périphérique ». Il ne reste plus qu’à recueillir l’ultime souffle d’une époque révolue. Toute une vie pour apprendre à Faire le mort.
Ce court roman de 127 pages exerce une aimantation à laquelle il est difficile de se soustraire. Enquête et fouille dans le passé aiguisent la curiosité du lecteur et produisent une irrépressible nostalgie. L’écriture classique et le style sans affèterie concourent à créer un climat envoûtant qu’aurait pu traduire aujourd’hui la musique des Tindersticks dans le film Trouble Every Day : « Rien n’était perdu. L’air bruissait de mille vies enfouies. »

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