Que voilà un petit livre bien étrange... C'est le premier roman d'Eric-Emmanuel Schmitt et, même s'il n'émeut pas comme les suivants, la plume est déjà très agréable à lire.
Le narrateur s'englue dans sa thèse sur la linguistique médiévale, il peine, il sue, a l'impression que ça n'en finira jamais et regrette de ne jamais lire pour le plaisir. C'est en partant de ce constat qu'il décide de se fier au hasard pour emprunter un nouveau livre, un livre qui n'aurait rien à voir avec son travail. Mais s'agit-il vraiment du hasard...?
C'est un peu le principe directif de ce roman : le doute. Le narrateur voit ses certitudes vaciller et le lecteur est emporté avec lui. Le monde qui nous entoure est-il bien réel? Comment distinguer le rêve de la réalité? Nos sens ne nous trompent-ils pas? Ca devrait vous rappeler quelques souvenirs de philo :-) En tout cas, moi, ça m'a d'abord fait penser à Diderot avec Le rêve de d'Alembert par exemple, et bien vite à Descartes et à ses Méditations métaphysiques. Attention, on en est loin, tant du point de vue de la profondeur des propos que du point de vue de leur accessibilité.
Ce serait d'ailleurs mon petit bémol. Cette idée de fonder tout le roman sur le principe du solipsisme est vraiment très séduisante. Le roman se lit facilement, mais peut-être au détriment d'une réflexion plus poussée - et de quelques pages de plus. On reste un peu trop en surface à mon goût, c'est dommage!
Mis à part ça, j'ai quand même été séduite. Ce doute permanent a réussi à me donner le tournis, et outre cette petite promenade aux abords de la philosophie, on voit les prémices de l'Eric-Emmanuel Schmitt de l'émotion : le narrateur est si seul dans sa vie, tout comme ce pauvre Gaspard... Cette solitude, de l'un comme de l'autre, m'a fait un petit pincement au coeur.
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