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[Les Finisterres de l'esprit : Rimbaud, Segalen et moi-m...]
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Franz



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Posté: Sam 11 Avr 2009 14:04
MessageSujet du message: [Les Finisterres de l'esprit : Rimbaud, Segalen et moi-m...]
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[Les Finisterres de l'esprit : Rimbaud, Segalen et moi-même | Kenneth White]

Là où finissent les terres de l’esprit s’ouvre le champ blanc des possibles. Si Kenneth White n’a pas écrit cette phrase, il la suggère fortement, ne serait-ce que par le titre lui-même ou par les citations qu’il met en exergue de son recueil d’essais. L’une est de Rimbaud et mentionne explicitement « la plage armoricaine », celle, probable, du Finistère breton ; l’autre est de Segalen : « L’espace devant, en aval de la plongée dans le blanc, est vide ». Pourtant, Kenneth White transforme un nom propre au singulier en nom commun au pluriel et il redouble le « r », le cap Finisterre en Galice près de La Corogne s’écrivant ainsi. Dans le premier essai du recueil paru initialement en 1993, Kenneth White décrit et questionne l’itinéraire de Victor Segalen. Il nomadise par l’esprit avec lui, de la Bretagne au Tibet en passant par la Polynésie et la Chine. Les œuvres de Segalen, Les Immémoriaux, Stèles, René Leys, Equipée, sont réactivées, vivifiées et mises à contribution par Kenneth White pour étayer le concept de géopoétique qu’il a forgé. Bien que le texte se lise agréablement, on perçoit les affinités entre Kenneth White et Victor Segalen mais rien d’essentiel ne transparaît. Le lecteur ne sait pas s’il chemine dans l’œuvre du poète breton, autour des concepts du poète écossais ou dans une géographie explorée physiquement. Le 2e essai qui s’ensuit est déjà plus excitant à déchiffrer. Son titre, éponyme du recueil et sa place centrale, charnière, en montre déjà l’importance dans l’articulation de la pensée « prospective » de l’auteur explorant celle de Segalen afin d’en délivrer la singularité. De l’espace du dehors à une géographie intérieure, le lecteur effleure les ressorts secrets de Victor Segalen et s’approche d’une « folie » qui « rôde sans cesse autour du lettré ». Kenneth White cherche à esquisser une trajectoire du travail poétique en cours lorsque Segalen meurt, accidentellement ou intentionnellement, le 23 mai 1919, dans la forêt d’Huelgoat : « La prospective de cet essai veut que l’on conjecture au moins ou il voulait en venir et comment. » Pour se faire, l’érudition « en archipel » de Kenneth White, bâtie hors des carcans d’une culture plombée, est mise à contribution pour ouvrir la réflexion. Léon Chestov est convié avec son livre intitulé Sur les confins de la vie : l’apothéose du dépaysement et des bribes marginales sont mises en avant comme l’épigraphe d’Heinrich Heine : « L’univers et la vie sont trop fragmentaires ». Par ricochet, on comprend que l’identité de Segalen est multiple, instable, en questionnement permanent. Le troisième essai des Finisterres de l’esprit, La voix du désert, passe le relais à Arthur Rimbaud. Segalen, en route pour la Chine, fait escale à Aden puis à Djibouti et il interroge les contemporains du « poète maudit », notamment les frères Righas qui l’ont fréquenté : « C’était un grand homme maigre, sec, grand marcheur, oh ! marcheur étonnant ! […] Le paletot ouvert, un petit fez sur la tête, il allait, allait toujours. » ; « C’était un homme d’une conversation stupéfiante, tout à coup il vous faisait rire, mais rire ! ». Segalen est passionné par le cas de Rimbaud, sa poésie et son mutisme. Il écrira pour le Mercure de France, le 15 avril 1915, Le Double Rimbaud. Kenneth White convoque le maître à penser de Segalen, Jules de Gaultier, dédicataire d’Equipée, pour approcher la personnalité complexe de Rimbaud selon sa théorie du bovarysme (avec la dispersion du moi) et tenter d’appréhender la présence au monde du poète ardennais en Afrique. Approche intéressante mais peine perdue car Rimbaud reste définitivement réfractaire à toute tentative de compréhension et d’explication : « Le ‘champ’ Rimbaud reste ouvert, non résolu ». Les trois essais réunis en un seul petit volume oblong montre bien une cohérence dans la pensée de Kenneth White qui s’appuie sur la « ligne de vie » de Victor Segalen et cherche à comprendre en profondeur un itinéraire poétique fécondé par une géographie intériorisée. Le nomadisme de Rimbaud est aussi investi. Ses derniers écrits connus, notamment son article destiné à la Société de géographie, n’aurait pas été rédigé « en négociant plutôt qu’en artiste » comme le dit Segalen mais telle « une ébauche de géopoétique ». Si Kenneth White cherchait des tuteurs littéraires à son concept de « géopoétique », véritable ferment sous-jacent à ses essais, peut-être aurait-il fallu qu’il le définisse mieux puis l’ancre davantage dans les itinéraires croisés des deux hommes exceptionnels en quête d’unité et de transcendance.

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