Après l'
Élégie pour un américain, nous revoici chez Siri Hustvedt, l'épouse de Paul Auster.
Dans cet autre ouvrage (antérieur),
Tout ce que j'aimais, il était d'ailleurs déjà question d'élégie :
[...] Il avait besoin de ces enfants pour sa propre santé mentale et, grâce à eux, il allait composer une élégie à ce qu'ont perdu tous ceux d'entre nous qui vivent assez longtemps - leur enfance.
Une histoire de couples, new-yorkais, en partie juifs, intellectuels ou artistes : nous habitons toujours sur le même palier que Woody Allen et il ne faut pas être allergique !
Ce qui sauve les romans de Siri Hustvedt, c'est sa plume : remarquable d'élégance et de justesse.
Même réticent dans les premiers chapitres, on finit par se laisser doucement bercer par ces lamentations d'intellos.
Au fil de ce bouquin foisonnant, on glanera d'ailleurs quelques belles pages (et passionnantes) sur l'anorexie et l'hystérie, maladies féminines des expériences du professeur Charcot à la Salpêtrière : les expériences de ces médecins du XIX° auraient-elles fini par créer de toutes pièces malades et maladies ?
D'autres pages également sur l'art et la peinture (perso, on a moins aimé).
Mais le véritable sujet de ce roman (presque un essai), c'est la perte de l'enfant et la perte de l'enfance.
La perte de l'innocence en somme.
Deux couples (environ : chez ces gens-là, rien n'est jamais aussi simple bien sûr !), en route pour les sommets de la réussite et de la liberté (artistes à New-York !), mais malmenés par la vie.
L'un des deux couples perd son enfant : la mort l'emporte et avec lui l'innocence de croire en un monde possible.
L'autre couple ne s'en tirera guère mieux : le mensonge, l'argent, le sexe, ... emporteront également l'innocence de leur fils et leur croyance en un monde meilleur.
Car Siri Hustvedt revisite ici le mythe d'Icare :
[...] Dédale, le grand architecte et magicien, avait fabriqué ces ailes afin que son fils et lui puissent s'échapper de la tour où ils étaient prisonniers. Il avait averti Icare du danger de voler trop près du soleil, mais le garçon, faute de l'avoir écouté, avait plongé dans la mer. Dédale, n'est pas une figure innocente, néanmoins, dans cette légende. Il a risqué trop gros pour sa liberté et, à cause de cela, il a perdu son fils.
Ceux qui ont ou ont eu des ados y trouveront quelques échos.
La plupart des lecteurs-blogueurs ont préféré
Tout ce j'aimais à l'
Élégie pour un américain, mais pour notre part, notre coeur balance ...
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