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[Dans l'or du temps | Claudie Gallay]
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Franz



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Posté: Lun 09 Fév 2009 14:23
MessageSujet du message: [Dans l'or du temps | Claudie Gallay]
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A rebours dans l’œuvre de Claudie Gallay, après avoir lu Les Déferlantes (2008), j’entame Dans l’or du temps (2006) pour me retrouver à nouveau sur des terres de mémoire qui me sont chair, la Normandie. Dans la région dieppoise, un couple vient de Montreuil passer les grandes vacances avec leurs deux filles de sept ans, des jumelles. Ils habitent le temps de l’été leur résidence secondaire baptisée La Téméraire. Le narrateur c’est-à-dire le mari, paraît dépossédé de l’existence. Tout lui semble imposé, sa vie, ses enfants, sa femme Anna. Quand elle lui annonce qu’elle est enceinte, il tombe des nues : « Je croyais que tu prenais la pilule, j’ai dit. – Elle est retournée s’asseoir. Elle m’a regardé. Ça sera bien, tu verras. […] Elle voulait un enfant. Elle allait en avoir deux. » Fortuitement, pendant les vacances, le mari rencontre une femme âgée, Alice Berthier qui vit dans une maison hors du temps derrière son portail envahi par le lierre. Sur l’armoire empoussiérée, trois fétiches hopis, des kachinas, attirent l’attention du narrateur. Surprenant Alice par sa connaissance de l’art amérindien, il se saisit des statues de plume et d’argile pour mieux les apprécier. A partir de cet instant, le lien entre eux deux est scellé. Alice va raconter son voyage en Arizona avec son père et le poète André Breton durant la seconde guerre mondiale. Le narrateur va entreprendre un périple initiatique douloureux et tragique, à contre-courant dans le flot du temps, ressuscité par la parole d’Alice.
D’abord attiré par le beau titre du roman inspiré de l’épitaphe d’André Breton : « Je cherche l’or du temps », j’ai rapidement marqué le pas face à l’impudeur et à l’invraisemblance de certaines situations Ainsi cette phrase : « Anna s’était dépucelée toute seule. Au tampax. Il y a des filles qui font ça. Ca m’avait fait rire. ». Moi, pas tellement ! On dirait du Philippe Djian « sous-volté ». La rencontre et les liens entre le narrateur et Alice Berthier me semblaient cousus de fils blancs. L’absence d’empathie pour les personnages se justifiait aussi au regard du peu de goût d’Alice pour la peinture. Son admiration pour une toile de Michel Ciry qui se trouve réellement dans l’église de Varengeville me paraissait exagérée. On ne revient pas sur le site pour une peinture de Ciry, somme toute anecdotique mais plutôt pour ressentir l’esprit du lieu et la vue plongeant dans la mer qui digère les falaises. Je n’arrivais pas à saisir la fascination qu’elle commençait à exercer sur le mari d’Anna. De plus, elle se montrait antipathique et péremptoire, autoritaire et catégorique, snob et hautaine : « Vous vous attendiez à quoi, hein ? Que l’on parle des heures, comme si on se connaissait de toujours ? Mais vous ne savez rien des rencontres… ». Aigre et bigre ! Après ça, on n’a pas envie de revenir la voir et de poursuivre la lecture. Comme le roman est ancré dans la réalité, les rapports entre les personnages doivent être plausibles et tenir la route. Quand le narrateur dit que la poésie l’ennuie et qu’Alice Berthier le soutient, je me dis qu’il y a erreur. Outre Breton et les Hopis, l’intérêt du roman repose sur cette initiation à la vie poétique, sur la quête de l’or du temps dans la vie quotidienne. Fidèle à mon masochisme, enchaîné aux livres jusqu’à l’ivresse, j’ai continué à lire. Puis, des petites phrases ciselées, semées ça et là, comme des galets que Claudie aurait poussés pour ne pas se perdre elle-même, m’ont guidé. Ainsi celle-ci : « L’enfance ne se capture pas. Elle est dans l’enfant et elle meurt quand l’enfant grandit. » C’est basique mais c’est une formule bien ramassée et lourde de sens si on l’approche de la quête de grands artistes recherchant en vain la flamme de leur enfance. Dans l’histoire s’incruste, comme une pierre précieuse, le récit de l’exil new-yorkais entre 1941 et 1946 d’André Breton. L’homme « infréquentable » s’humanise, reprend vie, devient proche. Le verbe de Claudie Gallay s’envole et le lecteur rêve. La fin du roman m’a un peu remué la tripe car je me suis retrouvé dans une situation similaire à celle vécue par les protagonistes, pris par la marée d’équinoxe, la mer au ventre, les falaises au dos, l’appareil photographique à bout de bras, hissant mon amie sur mes épaules jusqu’aux premiers barreaux de l’échelle métallique (le reste avait été arraché par la dernière tempête) puis m’extrayant, à l’extrême limite de mes forces et de mes bras tendus, à la succion de la mer, au boutoir des vagues, à la peur au ventre. J’étais parti pour mettre une note très moyenne et puis je reviens à davantage de considérations mais mes partis pris sont sous jacents et bien présents.

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