Il est authentique et particulièrement émouvant le protagoniste du « roman » de Jean Echenoz : Emil Zatopek, « l'homme-cheval », le coureur tchécoslovaque des années cinquante. Quelle grandeur dans son allure dégingandée et dans les années passées à faire le balayeur car lors du printemps de Prague, il avait demandé aux soviétiques une « trêve olympique ». Il vidait les poubelles mais les pragois l'acclamaient comme l'athlète qu’il avait été, et qu'ils n'avaient pas oublié.
C’est Emile un homme comme tout le monde; et c’est Emile le champion, le Héros. C’est l’immense Emile Zatopek, essentiellement à ses heures de grande gloire …
[…]Au point que son patronyme devient aux yeux du monde l’incarnation de la puissance et de la rapidité, ce nom s’est engagé dans la petite armée des synonymes de la vitesse. Ce nom de Zatopek qui n’était rien, qui n’était rien qu’un drôle de nom, se met à claquer universellement en 3 syllabes mobiles et mécaniques, valse impitoyable à 3 temps, bruit de galop, vrombissement de turbine, cliquetis de bielle ou de soupapes scandé par le k final, précédé par le z initial qui va déjà très vite : on fait zzz et ça va tout de suite vite, comme si cette consonne était un starter. Sans compter que cette machine est lubrifiée par un prénom fluide: la burette d’huile Emile est fournie avec le moteur Zatopek.
Courir comme moyen d’exister, quelle belle histoire de vie que voilà, portée par une écriture toute en finesse, cadencées en phrases courtes, incisives et non dénouées d’ironie et d’humour. J’ai adoré …
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