Au centre des dix courts chapitres de ce livre, suffisamment indépendants les uns des autres pour faire penser à des nouvelles, une chaussure perdue sur un toit de Paris, à proximité de la gare du Nord. L'auteur a construit autour de cette chaussure un faisceau d'histoires tentant d'élucider sa présence en équilibre précaire sur une gouttière. Les protagonistes de ces histoires ont tous à voir avec l'immeuble accueillant la chaussure, qu'ils y vivent ou qu'ils le fréquentent, le personnage principal d'un chapitre devenant figurant dans le suivant. Dans ce puzzle de vies imbriquées, nous rencontrons une petite fille rêveuse, un cambrioleur amoureux, trois malfrats, un chien intello citant Proust, un immigré sans papier, une vieille excentrique, un artiste (très) contemporain... Chaque locataire observe, scrute ou se contente d'apercevoir en passant la fameuse chaussure et s'interroge sur cette godasse tombée du ciel, chacun proposant sa version de l'histoire. Par ces dix témoignages improbables qui se recoupent (ou pas) l'auteur glisse le message que le réel est une affaire toute personnelle...
Derrière l'exercice de style porté par de petites touches d'humour et beaucoup de mélancolie, c'est de solitude dont nous parle l'auteur, à l'image de cette chaussure séparée de son autre pied ! Et c'est finalement ce même soulier qui fait le point de raccord entre les protagonistes qui, bien que voisins, s'ignorent.
La construction du livre, cette imbrication d'histoires, et les petits détails absurdes en forme de clins d'œil renvoyant d'un chapitre à l'autre, est ludique. Par contre le changement de registre d'un récit à l'autre (du délire philosophique à la complainte élégiaque en passant par la satire de mœurs) est lui moins convaincant car un peu lourd et donne des récits de qualité très inégale.
Le tout, sans être grisant, reste plaisant.
le cri du lézard
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