Si Michael Forsythe veut échapper aux geôles mexicaines, il doit accepter, pour le compte des services secrets britanniques et en collaboration avec le FBI, un travail d’infiltration d’un groupuscule d’Irlandais exilés près de Boston et farouchement opposé aux accords de cessez-le-feu qui devraient bientôt être signés entre l’IRA et l’Angleterre. La « simple » mission de surveillance et de renseignement va virer au carnage, à l’enfer et à la mort.
Un faux rythme, lent d’apparence, avec des digressions en contretemps galvanise des scènes d’action percutantes et déstabilisantes. Le lecteur est dans le vif du sujet, surtout quand Touched, le dingue, l’associé de Gerry McCaghan à la tête des Fils de Cuchulainn, torture ses victimes, les découpe et les mutile de façon à les faire souffrir interminablement. Même si Michael raconte l’histoire de bout en bout, on peut légitimement douter de ses chances de survie tant l’étau se resserre sur lui. Il est un héros souffrant, amputé qui sait aussi répandre la mort et le chaos derrière lui. La mort est la vraie maîtresse du roman de McKinty. Elle laisse un sale goût en bouche. Michael aimerait le faire entendre mais les mots ne peuvent pas percer la carapace des convictions et arrêter l’engrenage par lequel tous les personnages seront happés :
« Oh, Kit, j’ai menti mais ton père est un pire menteur que moi. Toute votre culture à la con est fondée sur un sentimentalisme tordu. Il n’y a pas de passé glorieux, rien que de hideux massacres, des mecs assassinés sur le pas de leur porte, des gamins explosés dans des fish-and-chips, des chauffeurs de taxis abattus derrière des entrepôts dans la puanteur des quais ». Le roman est noir et poisseux mais il instille aussi une étonnante vitalité car les personnages ont de l’épaisseur. Ils sont crédibles et ils ne sont surtout pas monolithiques. Forsythe est trouble, ambigu mais aussi plus abordable que dans sa première aventure intitulée
« A l’automne, je serais peut-être mort ». Des personnages secondaires émane une réelle présence. Les sentiments qui se dégagent sont presque palpables. On n’en ressent que davantage le gâchis quand la faucheuse frappe. Entre deux carnages, elle laisse entendre en sourdine le chant de sa pierre à aiguiser sur sa faux.
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