[Le Scorpion. T. 8, L'Ombre de l'Ange | Stephen Desberg, Enrico Marini]
Le ténébreux Scorpion va-t-il enfin embrasser Méjaï, la reine des poisons ? La couverture de la 8e aventure de cette excellente bande dessinée de cape et d’épée pourrait le laisser supposer mais hélas, les jeux ne sont pas encore faits même si les ébats sont ouverts. Bien que l’aventure piétine en dépit des chevauchées écumantes et des échauffourées trépidantes, le dessin virtuose de Enrico Marini exerce une irrésistible force d’attraction pour l’œil et l’esprit les plus blasés. Les couleurs sont splendides. Le trait est vif et précis. La mise en page est classique mais très rythmée et hautement lisible. En dépit des grimaces caricaturales du pape intégriste Trebaldi et des retournements de situation conventionnels, on prend plaisir à voir les traquenards s’ourdir pour culminer au point de choc, dans le « cercle rouge » comme sur une scène de théâtre. Il y a du western dans cette Italie du 18e siècle. L’attaque de la diligence remplie d’or en est un exemple. Pourvu que Méjaï soit comblée d’amour avant que le rideau ne tombe comme un linceul sur la scène de sa vie ! J’attends la suite sans impatience mais avec gourmandise. On peut aussi se régaler de décors romains inspirés d’eaux fortes. On peut y sentir l’ombre du grand Piranèse, l’architecte et aquafortiste italien du XVIIIe siècle dans certains décors dessinés par Marini ainsi que celle de Giuseppe Vasi. C’est un plaisir supplémentaire qui n’est pas superflu.
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