Je sens que ça va être difficile de pondre quelque chose d'interessant (au moins !) et d'intelligent (si possible) sur ce beau livre de Nancy Huston.D'abord parce qu il y a déjà des notes de lecture explicites sur ce livre dans l'Agora, puis parce que ce livre défie la simplification et la réduction à un résumé intelligible. Alors on va faire basique.
Quatre générations : arriere grand-mère,grand-mère,fils,petit-fils. "Lignes de failles" . Quatre chapitres. Le livre s'ouvre par le récit de Sol, le dernier rejeton, le petit monstre (au sens vraiment littéral du mot...). Il a six ans .Suivent les trois autres chapitres ou son père,sa grand-mère,son arriere grand-mère, raconteront leur enfance au même age (6-7 ans). Au fur et à mesure de la lecture nous nous enfonçons dans le passé (2006-1980-1960-1940). Au début nous errons de supputations en supputations...quel dessein poursuit Nancy ? et puis très vite les premiers indices apparaissent. Le sujet du livre n'est rien moins qu'un épisode atroce et peu connu de la folie eugéniste du IIIe reich ; des milliers d'enfants en bas âge ont été volés dans les territoires conquis à l'est et redistribués à des familles "méritantes" et "aryennement pures".
J'ai admiré la virtuosité d'écriture de Nancy Huston , cette idée de parcours à rebours , partir d'un récit d'un enfant "de notre époque" et s'enfonçer ensuite dans les ténèbres de l'Histoire de notre siècle pour enfin à l'ultime étape se rendre compte que même les bonnes intentions ne font que rajouter du malheur au malheur.
Petit bémol (mais très petit bémol ....) , j'ai trouvé justement la construction du récit un peu "artificiel", je veux dire par là que Nancy Huston a du peser et repeser chaque phrase,chaque alinéa, et cela se sent ; à la page 457 de cette édition elle abandonne la ponctuation sur une page entière pour mieux faire sentir le chaos de la fin du mois de mars 1945 en Allemagne.
Malgré cela de superbes pages d'écriture poètique.
Exemple: ... c'est un sifflement de serpent, un sifflement au sujet des soeurs,ça grésille comme le fer à repasser quand mère l'appuie sur un tissu humide; les mots s'insinnuent lentement dans mon cerveau pour y imprimer leur brûlure: "De toute façon tu n'est pas ma soeur. "
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