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[La renarde | William Merwin]
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Franz



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Posté: Jeu 28 Aoû 2008 9:53
MessageSujet du message: [La renarde | William Merwin]
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William Stanley Merwin, poète américain né à New York en 1927, est aussi écrivain et traducteur, largement reconnu et récompensé outre-Atlantique mais quasi incognito en France. Il arpente le causse quercynois depuis des lustres et délivre une poésie confidentielle qu’il polit au gré d’observations finement captées. Luc de Goustine, son traducteur, est complice des mots de William Merwin et ressent des affinités avec les lieux parcourus par le poète américain. Les images qui truffent le recueil intitulé La Renarde pourraient paraître éculées de prime abord mais elles ne s’ancrent dans la banalité que pour mieux se dilater et tendre à l’universel : « …par-delà le long champ tanné de chaume/un semis de brebis y errait en cercle lentement/comme une galaxie charriant les lueurs grises ». Quand le poète touche du doigt l’indicible, il laisse ses mots suspendus : « Les hirondelles se turent et les chauves-souris sortirent légères/comme un souffle/autour de l’étranger seul parmi les échos…/tout ce que j’ignorais ne cessait de commencer autour de moi ». Le respect témoigné aux êtres et aux choses se décèle dans le ton mesuré et le regard aimanté, dans la coulée des mots qu’une versification non rimée vient heurter légèrement. Le lecteur devine un monde ancien en sursis que le verbe du poète allume encore un peu mais chaque poème sonne comme un adieu, une élégie tressée autour de paysages qui s’enfouissent et qui s’éteignent fatalement, faute de regards compassionnels et de souvenirs vivants. On se trouve projeté au seuil d’un monde fécond et invisible, presque dans l’intimité du merveilleux : « La belette fit son tour de passe-passe lumineux à travers le lierre ». Dans le dévoilement fugace des lieux et les envolées fugitives des bêtes, William Merwin se fait passeur de terres de mémoire que la course d’une renarde consacre : « quand tes pattes légères courent/par la nuit sans souffle… je me souviens de toi ». On se souvient longtemps de William Merwin et de La Renarde.

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