Les révoltés : le titre est accrocheur ! Qui sont-ils ces révoltés ? Et à l'encontre de quoi va leur révolte ?
Le premier des révoltés est James B. Sterling, héritier de la Sterling Oil Corporation, qui, le 23 juillet 1951, précipite sa Cadillac au coffre bourré d'explosifs contre un derrick. Au moment où son véhicule explose, James hurle le nom de sa sœur, Blanche. Blanche : seconde des révoltés. Blanche, jeune femme trop libérée que sa famille a muselée, enfermée en hôpital psychiatrique. Blanche qui tient toujours serré contre elle son ours en peluche et n'espère même plus que Waldo, son amant, vienne la chercher. Waldo, troisième des révoltés, est le narrateur et le fil conducteur du récit. A la suite du meurtre de ses parents dont il a été témoin enafnt, Waldo est parti grossir les rangs des miséreux attirés par les lumières des grandes villes naissantes dans l'Amérique des années 30. Chance ? Hasard ? Fatalité ? Waldo a rencontré Blanche qui l'a introduit au sein de cette Jet-Set qui le fascine. Et, enfouit quelque part entre James, Blanche et Waldo, il existe un secret si monstrueux qu'il ronge tous ceux qui le connaissent.
Cette série reconstitue une époque fascinante, l'Amérique de la fin des années 30 au début des années 50, dans laquelle viennent se perdre les rois du pétrole, le tout Hollywood et la pègre. Un joli mélange de tronches, de vies gâchées ou défaites : actrices plantureuses, acteur déchu, parents indignes, auteur ambitieux et arriviste, gros-bras, producteur véreux, star du porno... Du beau monde quoi, qui se ment, se trompe, se dénonce, se sacrifie, se déchire.
Au milieu de cette faune baroque, James, Blanche et Waldo refusent la fatalité d'un avenir prédestiné et tentent d'occuper la place que chacun s'est choisi. Le titre de la série pouvait laisser croire qu'en guise de révolte, on irait plus loin. Il s'agit là plutôt de révolte intérieure : on les sent bouillonner nos personnages, se débattre frénétiquement contre leur destin, mais il existe peu d'échappatoires possibles : suicide, folie, corruption... L'auto-destruction semble la seule issue.
Les révoltés n'est pas la meilleure histoire de Dufaux. C'est seulement une histoire, une parmi tant d'autres pour ce scénariste hyper-prolifique fasciné par le roman noir américain. Quant au dessin : le trait est épais, les couleurs sont "fanées", et on a parfois du mal à distinguer les personnages féminins, au dessin trop proche. La vraie force du récit vient des personnages, que je qualifierais de "torturés" plutôt que de "révoltés". Aucun n'est "tout blanc" dans cette histoire, et aucun n'en sort indemne, car le rêve américain à son prix...
le cri du lézard