Une promesse de Chalandon
Qu'y a-t-il entre les gouttes de pluie, si ce n'est l'air humide breton, celui que tant de citadins cherchent à s'imprégner le temps d'un repos mérité ?
Monsieur Chalandon diffuse une atmosphère qui donne aux pierres la transpiration des maisons. Sont-elles vides des souvenirs enfantins, de ceux qui, tapis dans l'ombre des errances, nous relancent un brin de mémoire trop vite enseveli ?
L'auteur, palpe le pouls d'un espace existant, à l'allure d'une maison, basse, blanche, recouverte d' ardoises bleues, brûlantes sous le soleil de juillet, rassurantes les nuits de grands vents.
Des hommes, des femmes, vivent les uns à côté des autres, dans un lieu banal, avec pour lien les relations familiales, celles de bon ou mauvais voisinage, ou les dernières, plus intimes.
Parlant de l'escalier de la maison :
“le bois fatigué lui disait que deux hommes venaient. Il y avait le lourd de son Étienne et un froissé fragile”.
Le maintien en vie de nos disparus qui nous hantent, ceux que l'on veille jusqu'à ce que mort s'ensuive. Matérialisé par la flamme d'une bougie pour les uns, des fleurs pour les autres, les messes du souvenir, le temps du deuil s'écoule tel vide à combler ou non.
De ces morts qui ne savent rien, nous dirons tout ce qu'il y a en trop.
De ces morts qui savent tout, nous ne dirons jamais rien de trop.
La mort à cacher aux enfants restera tabou, si le silence les entoure. Parlons-en souvent tant qu'il est encore temps. Que ceux qui gardent la mémoire d'eux, transmettent aux suivants la flamme du défunt.
Sur le sujet évoqué, Chalandon incarne la pensée humaine en différents personnages. Chaque parole prononcée équivaut à une vérité. Multiples sont les parcelles de vie que l'on cultive chez les uns défriche chez les autres, suivant les sensibilités.
L'ouvrage est un et multiple à la fois, une réflexion à poser à côté du livre refermé.
Chalandon possède une écriture accessible à un large public. Parler simple pour un auteur est de loin la démarche la plus délicate à réaliser. C'est une manière de combler le fossé, jusqu'à présent grandissant de la forme d'élitisme la plus abjecte qui soit.
Séparer par le mépris, la masse uniforme des individus, c'est comme donner des jeux au peuple et des livres aux érudits.
Réunir les formes d'intelligence sous une même bandière, il n'y a que la mort qui puisse entreprendre pareil chantier. Chalandon côtoie en pleine mer les yachts de prestige et les chalutiers des marins pêcheurs.
L'univers de ce petit village, résonne des histoires liant les habitants du lieu, imbriqués dans la vie rurale comme ces petits murets réalisés avec les pierres des champs, pour protéger les cultures contre les embruns.
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