Un roman passionant . 50 ans d'URSS puis de Russie en sept chapitres entrecroisant les destinées d'une famille de russes"moyens" et d'un officier du KGB appelé à de très hautes fonctions, Poutine , pour ne pour ne pas le nommer.
C'est la tragédie du Koursk,sous-marin nucléaire géant, en aout 2000, qui sera le point d'orgue de 50 ans d'impérities ,de mensonges, de culture du déni.
Le roman débute à la fin du règne de "l'ogre rouge", il n'en a plus pour longtemps mais sa paranoia exerce encore ses méfaits sur tous ceux qui l'approchent ; c'est justement le cas de Olga Ivanovna Altman, un quart de sang juif,qui par ses dons d'imposition des mains soulage les douleurs du vieil autocrate. Mais cette soumission craintive de cette médecin renommée ne lui suffit pas; il la force à divorcer de son mari (qu'il fait arréter et torturer par le KGB afin de tester le silence de sa femme). La mort du tyran (agonisant pendant de longues heures et que personne ne voulait secourir par peur des représailles éventuelles-véridique-), les délivre de l'horreur. Mais leur vie est brisée, Olga est reléguée comme médecin de dispensaire sur les bords de la mer de Barents pour suivre son mari physicien sur les programmes de sous-marins nucléaires; la vodka,religion alternative,aura raison du camarade Altman.
50 ans plus tard le petit fils d'Olga Atlman,Vania, jeune lieutenant de vaisseau dans la marine Russe, embarque pour sa premiere mission dans le sous-marin nucléaire géant, Oskar,(le Koursk bien sur...). L'on sait ce qu'il advint du fleuron des sous-marins russes et des polémiques qui s'ensuivirent.Staline était mort depuis longtemps mais le nouveau tsar du Kremlin avait encore un pouvoir de nuisance à peine moins puissant que son prédécesseur...Marc Dugain fait revivre, en s'appuyant sur une documentation fouillée, les derniers instants des rescapés de l'explosion . Vingt-trois marins prisonniers de l'arriere du sous-marin échoué par cent mètres de fond et tout à fait accessible aux sauveteurs; encore eut-il fallu qu'une véritable volonté préside à ce sauvetage et que le matériel mit en oeuvre soit à la hauteur de la tache.
C'est par le regard de Pavel Atlman,le père de Vania le fils d'Olga, que nous comprenons petit à petit la tragédie de cette famille "maudite" mais en fait pas plus "maudite" que la majorité des familles russes actuelles;le lot commun de ces familles dans le grand nord à l'époque c'était (c'est ??) les retraites et les salaires en retard de plusieurs mois, les batiments insalubres,le froid,la nuit six mois de l'année... rien de ce que l'on ne sait déjà.
Insérés,entrelardés,dans la vie de la famille Altman,les chapitres consacrés à l'émergence de l'officier du KGB Plotov (Poutine of course), de la garnison en ex Allemagne de l'est à la succession de Boris l'éponge (désolé c'est dans le texte...).
Cinquante ans de tragédie et rien n'a fondamentalement changé . Marc Dugain pointe du doigt la problématique russe qu'il serait trop long de développer ici ; démocratie cache-sex, nationalisme exacerbé, népotisme,corruption généralisée... et toujours la recherche d'un ennemi intérieur: Koulaks,juifs,Tchétchènes,l'occident décadent....
Il semble bien que l'Histoire resserve les memes plats (de qui cette citation?????), la terreur sous Poutine est à la terreur stalinienne ce qu'un sushi japonnais est a un chili con carne mais le résultat n'en est pas moins effrayant:assassinat de journalistes,opposition muselée(voir les dernières élections),emprisonnement arbitraire....
L'on pourra toujours m'opposer que tout cela ce sont des clichés communément admis mais en lisant ce livre de Marc Dugain j'ai ressenti une nostalgie amère du peu que j'ai connu de l'URSS sous l'époque Brejnev...
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