Récit du retour au pays natal d'une petite fille née dans les années 50 dans ce qui s'appelait à l'époque le Congo belge.
Anne Vallaeys, journaliste et écrivain, profite d'une mission de MSF (Médecins sans frontières) pour revenir pour la premiere fois depuis l'indépendance dans ce qui s'appele maintenant la République démocratique du Congo et qui s'appela Zaire du temps de Mobutu, personnage qui ne dépareillerait pas dans un roman de Conrad...
Le père d'Anne était un brillant agronome responsable d'une station à Mvuazi en plein coeur du Congo ; l'indépendance en 1960, le contraignit, lui et sa famille, à quitter précipitamment le pays en proie au ressentiment anti-blanc. Anne va refaire dans les années 2000 un pélerinage aux sources de sa mémoire. Le livre progresse vers le but final, qui est la redécouverte de la maison de son enfance à Mvuazi, en alternant souvenirs de l'époque coloniale et descriptions journalistiques du voyage qu'elle effectue dans la nouvelle RDC en proie aux guerres tribales, ethniques,inter-étatiques...
Son périple l'emmene de Goma à Kinshasa dans un pays défait,chaotique, un pays exsangue ou rien ne marche, ou la débrouille est reine. Certaines pages sont vraiment hallucinatoires (les bidonvilles de Kinshasa) ; et l'on pense ,au fur et à mesure, de l'enfoncement d'Anne Vallaeys dans les profondeurs du Congo, au livre de Conrad : Au coeur des ténèbres.
Mais plus qu'un livre de reportages ,meme si cet aspect est très interessant, Indépendance cha cha, est une enquète fébrile et passionnée sur la mémoire, les souvenirs, le temps qui passe et qui efface tout... Anne s'évertue à remonter dans le passé de ces années coloniales à force de photographies, de questionnement de survivants de cette époque, de rencontres avec des zairois qui tentent aujourd'hui de résister au délitement généralisé de l Afrique. Tout au long de ce livre l'on sent bien qu'Anne se veut autant Congolaise,(Zairoise si vous voulez...), que Française ou Belge... Mais la mémoire est la chose la plus incertaine au monde, et, quand elle pourra monter le chemin qui mene à la maison de son enfance, elle ne reconnaitra rien. Si, seul un arbre lui certifiera que c'est quand meme bien ici que s'est déroulée son enfance.
Livre riche d'Humanité (et d'humanités), se lit le nez sur le guidon ! je recommande expressement...

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