Je l'ai découverte avec
Le don du Roi, et ai tout lu depuis. Sauf le dernier,
Retour au pays, que je lirai un jour.
Je viens de terminer un recueil de nouvelles, dont le titre est celui de la première,
Le jardin de la villa Mollini..( traduit de l'anglais par Jean Bourdier et Hugues de Giorgis, Editions de Fallois) .
Jardin qui change au fur et à mesure qu'Antonio Mollini , célèbre ténor italien, change d'épouse, et il en change souvent!
Je ne sais pas pourquoi, peut être parce que les romans qu'elle a écrit au départ étaient des romans historiques, mais il me semble que Rose Tremain est moins connue en France que Kate Atkinson, par exemple. Et pourtant, sa particularité est de pouvoir écrire sur tout, et on le voit dans ces 20 nouvelles qui vont d'Azincourt à l'Angleterre des années 50 en passant par l'Italie et la maladie de Kreutzfeld Jacob..
Je crois que cela doit être terriblement difficile d'écrire des nouvelles, car il faut accrocher d'emblée, dès la première phrase. Et Rose Tremain a cet art.
Quelques débuts :
- Ma mère mourut quand j'avais quatorze ans ,en 1957. Nous l'enterrâmes dans le cimetière du village et je portais pour l'occasion mes nouveaux souliers noirs à hauts talons. Le deuil subit et l'incommodité de ces chaussures trop serrées , à la dernière mode, devraient être à jamais associés dans mon esprit. Maintenant encore, c'est par les pieds que se manifeste pour moi le sentiment de la mortalité...
Confitures de fraises
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Salvatore Cavalli, fils aîné d'un horloger piémontais, célébrait son vingt-septième anniversaire en l'an 1815 lorsqu'il apprit que le roi du Piémont avait décidé de retrancher du calendrier une importante portion de temps. La nouvelle était troublante.
L'éventail d'Evangelista
S'éveiller est la chose la plus dure qu'on exige de lui.
L'infirmière le réveille toujours avec le mot " bonjour" et ce mot provoque chez lui une migraine contre laquelle il ne peut lutter. Très souvent le mot " bonjour interrompt ses rêves. Dans les rêves en question, il y a toujours une hermine quelque part. C'est tout ce qu'il peut en dire.. L'hermine
Et comme toutes ces nouvelles m'avaient plu, j'ai relu le premier récit d'un autre recueil, intitulé
Les ténèbres de Wallis Simpson, cette femme qui eut un grand rôle dans l'histoire de la royauté britannique, puisqu'on se rappelle que c'est pour elle qu'Edouard VIII a abdiqué en 1936..
Pour moi, Wallis Simpson, ce sont des photos où elle était toujours tirée à quatre épingles, l'air pas commode, couverte de bijoux et dix huit couches de rouge à lèvres..
Dans cette nouvelle- longue, 76 pages- On découvre Wallis veuve, vieille, mais les ongles toujours bien vernis, tombée sous la coupe d'un avocat sadique qui veut lui faire raconter la vie avec son royal époux. Mais la pauvre Wallis a la mémoire qui flanche , elle ne se souvient plus que de sa jeunesse de petite fille pauvre, élevée par une mère obsédée par les apparences, et qui n'aura pas assez de toute son existence pour se venger de ce que l'on lui aura fait subir.. Et puis de son premier mariage, et des scènes de ménage , et des humiliations, encore et toujours.. Alors Edouard... Qui était-ce déjà? Les bijoux, ça c'était du concret..
C'est féroce et très triste. Aussi féroce qu'une autre nouvelle, intitulée Automne en Floride, dans laquelle un couple anglais d'un âge certain dépense toutes ses économies pour un mois de "vacances "en Amérique.
Les Anglaises ont toujours eu l'art de la petite phrase qui tue...
Les ténèbres de Wallis Simpson
traduit de l'anglais par Claude et Jean Demanuelli
Editions Plon
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