Nous sommes en 1969, sur une presqu'île de Finlande.
Eddie de Wire, jeune fille de 19 ans, vient rendre visite à sa tante installée en été dans la maison de verre, située dans le Coin, contrée sauvage peuplée de marais et de marécages.
Nous sommes en pleine période estivale, époque où se croisent, se jaugent, s'épient les habitants du Coin et les estivants, venus louer les villas de vacances modernes construites sur les parcelles de terrain appartenant à l'un des plus beaux endroits du Coin, celles donnant directement sur la mer.
Deux mondes se rejoignent le temps d'un été, celui des enfants du marais et celui d'Eddie de Wire, appelée « la fille américaine ».
Deux garçons du Coin vont tomber éperdument amoureux d'elle. Lorsque Eddie de Wire disparaîtra, le corps pendu de l'un d'eux sera retrouvé dans la grange. Après cette découverte macabre, l'autre garçon se retrouvera plongé dans un mutisme profond.
Cette disparition va marquer à tout jamais la vie des habitants du lieu et ce qui devient rapidement le mystère de la fille américaine va prendre une place prépondérante dans la vie de Doris et Sandra, encore enfants à l'époque de la disparition.
Une amitié exclusive unit les deux jeunes enfants. Doris, l'enfant pauvre maltraitée des marais et Sandra, l'enfant bec de lièvre avant son opération, la fille de la maison de la partie boueuse de la forêt, enfant solitaire et exclue du couple « jet-set » formé par ses parents.
Une autre disparition nourrira leurs jeux imaginaires : celle de la mère de Sandra. Est-elle partie vivre auprès de son amant, le frère de son mari et l'oncle de Sandra ? A-t-elle été tuée par le père de Sandra et enterrée sous les fondations de la piscine, avec son consentement ou du moins en n'offrant aucune aide à sa mère lorsque cette dernière la suppliait de l'aider ?
Un jour, le corps sans vie d'une jeune femme remonte à la surface du marais. De qui s'agit-il ? De la jeune fille américaine ? Pourquoi le corps est-il vêtu d'un imperméable rouge que Doris reconnaîtra sur une photo comme appartenant à la mère de Sandra ?
Et pourquoi Doris se tirera-t-elle une balle dans la tête quelques années plus tard ?
Au-delà de l'intrigue, l'auteur explore avec beaucoup de finesses l'adolescence, les rêveries diurnes, les illusions, les relations amoureuses triangulaires et fusionnelles, l'identification et l'idéalisation, la découverte de la sexualité et les fantasmes soujacents, la différence de classes, l'apprentissage de la vie et les fêlures de l'âme.
J'ai beaucoup aimé ce roman aux allures de conte initiatique pour adultes, qui est par ailleurs extrêmement difficile à résumer tant le contenu est dense et riche, incluant de multiples retours en arrière et des mouvements temporels dans la narration, multipliant les points de vue d'un même événement, mélangeant la réalité et l'imaginaire des protagonistes.
Et si l'atmosphère envoûtante prime sur l'intrigue, elle ne l'étouffe pas pour autant.
Il y a quelque chose de magnifiquement désenchanté dans ce roman d'apprentissage auquel nous convie Monika Fagerholm, auteur que je vous invite vivement à découvrir si vous n'avez pas peur de vous aventurer hors des sentiers battus. Car « La fille américaine », de par son foisonnement et sa structure enchevêtrée, peut aussi sans aucun doute décontenancer et décourager certains lecteurs. Pour ma part, j'ai été subjuguée par l'écriture de Monika Fagerholm.
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