A Memphis officie un juge connu pour ses verdicts favorables aux assureurs. Un jeune diplomé pauvre, Rudy Baylor, court les cabinets d'avocats à la recherche de son premier emploi puis finit par se mettre à son compte. Il défendra Donnie Ray Black, un jeune leucémique mourant des refus répétés de son assureur de prendre en charge sa greffe de moelle osseuse quand il en était encore temps ; à Memphis, c'est presque une cause perdue. Mais, miracle, presque dès le début de la procédure, le juge sera remplacé par un autre, favorable à la poursuite des assureurs véreux...
On a l'impression d'entrée de jeu d'assister à un de ces grands films américains sur la justice, et justement, non seulement
L'Idéaliste a été porté à l'écran par Coppola, mais de nombreux romans de Grisham (
La Firme, L'Affaire Pélican...) l'ont été. Pour le personnage de Deck, je pensais à Danny De Vito et, bingo, j'ai vu ensuite que c'était bien l'acteur qui avait été retenu ! Le constat final est finalement pessimiste : une bonne cause ne dépend pas d'elle-même pour gagner à la barre, mais de l'honnêteté du juge ; les pauvres s'appauvrissent quand les riches s'enrichissent ; il y a trop d'avocats dont l'unique chance de survie est de flatter la fibre procédurière de leurs concitoyens, en pleine schizophrénie entre une déontologie raide et le besoin de gagner sa vie...
Sur la qualité littéraire, je dirai que le roman ne sacrifie pas aux fioritures complexes, voire compliquées, de ceux qui veulent boxer dans la catégorie Littérature : Grisham veut raconter une histoire intéressante et se contente des ressources de ses péripéties et des connaissances qu'il a du système judiciaire et des stratégies des avocats pour cela. Ca marche : je ne me suis ennuyée que pendant le 2ème quart du roman, quant à la deuxième moitié, je n'ai pas pu me l'ôter des mains avant d'avoir fini. Grisham crée des péripéties secondaires qui détendent, parfois amusent, à l'aide de quelques personnages fantoches, comme Miss Birdie, finalement touchante, Deck et une petite histoire d'amour pas trop encombrante, que retrouve le vaillant héros entre deux études ou deux plaidoieries. La catharsis se déclenchent à la vue d'un cabinet d'avocats arrogants déconfit en même temps que son client par un juge ferme et les attaques habiles de ce jeune avocat inexpérimenté, mais inspiré par le désir de rendre un semblant de justice ; Grisham a presque assez correctement évité l'écueil du manichéisme dans sa conclusion.
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