Dominique Sylvain est plus connue pour son polar Passage du Désir (qui ne nous avait pas laissé un souvenir impérissable, il y a quelques années déjà, avant l'ère du blog), mais on a bien voulu retourner à Tôkyô avec elle et son premier roman, Baka !, revu et corrigé dans une nouvelle édition.
Et ma foi, il faut bien avouer qu'on a été plutôt déçu par cet auteure que l'on compare ici ou là à Fred Vargas, mais à tort, selon nous.
C'est d'ailleurs plutôt de Léo Malet et Nestor Burma que se revendique le style de la dame.
Quoiqu'il en soit, même si l'on avait pris soin de revêtir un de nos yukata ramenés de Nikko cet été tout en sirotant un verre de saké, la magie ne nous a pas ramenés au pays des nippons.
Le bouquin accumule les clichés de la vision occidentale du pays du Soleil Levant : yakuza (la mafia locale), jôshi ou shinjû (double suicide amoureux) , katana (sabre), hikikomori (ados cloîtrés dans leur chambre avec internet), ... tout y passe !
Un peu comme si, à partir d'une liste de commissions, on avait essayé de bâtir une intrigue avec tout ça.
Et justement, du côté de l'intrigue (c'est un polar), on reste également sur sa faim sans croire un seul instant aux personnages insignifiants, aux péripéties rocambolesques de la française détective au Japon ni aux multiples coups de théâtre qui clôturent ce voyage à Tôkyô.
Voilà un portrait bien sévère, j'en conviens.
Même si l'on devine ici ou là quelques traces de vécu authentiques (parapluies, bains, ... D. Sylvain a effectivement séjourné à Tôkyô), seule trouve grâce à nos yeux la capacité de D. Sylvain à parcourir les villes qu'il s'agisse de Pais au début du livre ou de Tôkyô tout au long de l'histoire.
Après le détective privé de Nuit sur la ville de la semaine dernière, on relèvera juste qu'il est encore ici question de collusion entre business et élections politiques ... il y a peut-être quelque chose de pourri au royaume des sushis. Heureusement que chez nous il n'en est rien !
[...]
Un futon plié sur les tatamis tenait compagnie à un parapluie en plastique blanc et un vêtement de toile bleue. L'hôtesse expliqua qu'il s'agissait d'un yukata.
Elle lui fit traverser la cour silencieuse depuis que les roulements de tambour avaient cessé, lui montra une salle de bains à l'intéressante odeur d'humus, expliqua son utilisation à grand renfort de phrases roucoulantes qui mêlaient anglais et japonais. Louise comprit qu'il fallait se savonner et se rincer avant de faire trempette dans un énorme baquet fumant. La jeune femme lui remit la clé de sa chambre et s'en alla après un nouveau chapelet de formules aussi chantantes qu'incompréhensibles.
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