Premier volume d'une trilogie où Hervé Guibert, à l'époque pionner du genre qui fait florès aujourd'hui, raconte la diminution spectaculaire de ses T4 ("keepers"), dus à la progression du virus du SIDA.
J'ai eu du mal à accrocher au début : le récit n'est pas linéaire, on n'a pas affaire à une sorte de journal intime remanié, ce qui rend les faits à la fois plus intéressants à suivre mais en même temps les causalités et les conséquences sont un peu floutées. Il joue à saute-moutons dans les années 80, deux années en avant, une en arrière, trois en avant, cinq en arrière... Cela accroît, intentionnellement, je pense, la difficulté à comprendre quand Hervé Guibert, comme les autres amis séropositifs du récit, ont su, compris, appris, nié, accepté, révélé qu'ils étaient "infectés". Certains, des contaminés de la première heure, ont dû se débattre avec toutes les imbécilités et idées reçues des débuts sur le "cancer qui ne touche que les homosexuels" (pain bénit pour les fondamentalistes), la sueur contaminante, etc.
La question "mais qui est cet ami qui n'a pas sauvé l'auteur ?" traîne dans la tête pendant presque toute la durée du livre : Muzil ? Jules ? Bill ? Marine ?... le thème de la trahison est filé de chapitre en chapitre, tous pourraient l'être... avant de trouver sa réponse dans les dernières pages, d'une façon bouleversante.
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