Qu'est-ce qui m'a pris de lire ce livre ? Sans doute le souvenir lointain de la lecture d'une autre œuvre de cet auteur, Les cadets, qui raconte son enfance "à la prussienne" dans une institution de formation de jeunes soldats. Et aussi, sans doute, l'annonce de la préface de Michel Tournier. Car Ernst von Salomon a été récupéré par une idéologie pour laquelle j'ai de l'aversion. J'ignorais cela. Heureusement, car sinon je n'aurais jamais acheté ce livre extraordinaire.
Il s'agit d'un récit autobiographique : Ernst a 16 ans à la fin de la 1° guerre et comme d'innombrables Allemands, il ne peut survivre à la défaite qu'en se lançant à corps perdu dans d'autres combats. Il participe aux actions des corps francs de la Baltique, aux coups en Haute-Silésie, à l'assassinat du ministre Rathenau. Il est capturé et emprisonné à la suite de ce crime. J'ai été particulièrement impressionnée par la description des soldats rentrant du combat pleins de honte, de la bourgeoisie tirant profit de la situation, des jeunes à la recherche d'une cause. Les récits des expériences de combat, très terre à terre, et tout particulièrement la tentative de meurtre d'un "traître", le journal de la vie en prison, de son absurdité, de sa folie sont également des moments très intenses. Ce livre est empreint d'une telle violence, d'un tel désespoir qu'il est au-delà de ce qu'on lit habituellement aujourd'hui. Nous avons l'habitude des images très choquantes. Le pouvoir des mots d'un récit à la 1° personne est beaucoup plus fort. Ce témoignage m'a permis de mieux comprendre cette époque de l'entre-deux guerres.
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