[p.64] Il y a des choses qui vous arrachent la vie.
Pour l'écriture du roman Zoli, Colum McCann s'est beaucoup documenté sur l'univers des Tziganes en Europe au XXe siècle. Les tziganes tour à tour confrontés au fascisme, au communisme et à la mondialisation, entre les années 30 et 2003. Pour ce faire, nous suivons les étapes du parcours de Zoli à travers la Slovaquie, l'Autriche, l'Italie et la France.
Zoli (inspirée de la poétesse polono-tsigane Papuza) se retrouve bannie des siens après que son amant, contre sa volonté, publie par écrit ses poèmes pour en faire une icône du parti communiste.
Citation:
[p.72] Mon père a dit une fois qu'on ne peut juger le cœur d'un homme sur le pire de ses actes. Seulement, même si c'est vrai, il sera difficile de l'ignorer : en ce qui me concerne, ça s'est passé l'hiver, par un après-midi glacial, à l'imprimerie de la rue Godrova, où je me trouvais avec Zoli Novotna. Je l'ai trahie devant les rotatives. Comme avant, ou après, je n'ai rien fait de pire ou de sensiblement mieux, je dois admettre que ce geste isolé sera peut-être le seul que je laisserai au monde. Il habille en tout cas l'air que je respire chaque jour.
La culture de l'écrit étant prohibée par les tziganes, Zoli va être rejetée de toute la communauté tzigane et s'en suivra une longue période faite d'errances et de solitudes.
Colum McCann est un auteur généreux, et cela se sent à travers son roman.
J'ai aimé suivre le parcours de Zoli, depuis sa petite enfance jusqu'à un âge avancé.
De belles pages parcourent ce récit tout au long des thèmes abordés : le chant, l'amour, la trahison, l'émancipation, l'exil surtout.
Extrait d'un entretien de l'auteur :
"Cela dit, je pense que l’exil est une des questions essentielles du XXe siècle, alors que le XXIe posera peut-être celle du retour. Je ne peux pas trouver de personnage qui incarne plus l’exil que Zoli. C’est une femme, dans une culture où la place des femmes n’est pas évidente, c’est une poétesse, ce qui la fait bannir par sa propre communauté, et elle crée à un moment de l’histoire où son peuple est chassé, persécuté."
J'ai aimé ce roman mais il manque un petit je ne sais quoi pour être véritablement transportée.
Par comparaison, j'ai préféré son roman précédent Danseur. Les thèmes abordés y étaient plus diversifiés, ainsi que l'importance de la multiplicité des points de vue et des personnages secondaires. Dans Zoli, on reste trop attaché à sa personne et à ses perceptions, tandis que les autres personnages n'ont que peu d'épaisseurs.
Malgré cette critique, qu'on ne s'y trompe pas, Zoli reste un bon roman !
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