« Kadogo », « petite chose sans importance », en swahili, grigri que porte l’enfant soldat en Afrique subsaharienne, titre du roman noir de Christian Roux, sans fioritures, sans concession hormis à l’amour qui le transperce d’un bout à l’autre à l’égal des coups de machette distribués à qui de droit de manière professionnelle, quasi clinique. Marnie est une tueuse professionnelle maintenant retranchée dans l’euthanasie. Elle donne la mort en douceur à des patients condamnés à courte échéance. Elle honore ses contrats jusqu’au jour où sa cible, le vieux Bermann, propriétaire de la clinique chic de Bois-l’Etang, dans la région parisienne, disparaît après qu’elle l’ait occis. La commanditaire, Catherine Bermann, la belle-fille, est retrouvée pendue, atrocement mutilée à la machette. La police est sur les dents d’autant que les massacres s’empilent et que l’enquête piétine. Le capitaine Eustache Lerne est chargé de la coordination des opérations mais il a aussi fort à faire avec son fils « adoptif », traumatisé et parfois d’une rare violence. Marnie fouine de son côté, visite la clinique, piste son directeur, trouve son amante mais les tueurs ont vite fait de la surprendre tout comme Claire, une jeune SDF, dont elle est tombée amoureuse.
Plusieurs trajectoires se croisent et se heurtent. Les chapitres se juxtaposent mais le récit reste aisé à suivre et à décrypter. Bien que l’intérêt puisse être accroché, l’adhésion n’est pas complète comme si les personnages manquaient d’épaisseur. Pourtant, les sujets abordés ont de quoi captiver, l’horreur du quotidien d’un enfant soldat, le trafic d’organes, l’autisme mais l’auteur ne creuse pas et surtout ne crée pas d’empathie ce qui est un comble, notamment avec Tony, l’enfant du placard, aussi irritant qu’une poussière dans un œil. Le policier, Eustache, quel prénom !, semble toujours à côté de ses pompes et décrédibilise à lui seul l’histoire. Cependant, Christian Roux sait bien ramasser ses phrases afin qu’elles cognent comme un uppercut : « Il n’avait pas encore appris que, passé un certain point, la chute est irrémédiable et que tout ce qu’on veut faire pour l’éviter nous entraîne dans un gouffre toujours plus profond, toujours plus grand, toujours plus froid ».
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