[Le cycle de Cyann. T. 1, La Source et la Sonde | François Bourgeon, Claude Lacroix]
Il m’aura fallu une petite quinzaine d’années pour venir à bout du premier tome du Cycle de Cyann. Pourquoi avais-je lâché prise lors de la première édition en 1993 ? Etait-ce la grossièreté des dialogues associée à un verbiage sibyllin destinés à donner corps à une histoire d’anticipation sans réelle consistance ou encore les visages calqués sur des photographies puis plaqués dans les cases ? Peut-être resterais-je toujours insatisfait depuis Le sortilège du bois des brumes, chef-d’œuvre de François Bourgeon, premier volet des Compagnons du crépuscule, bande dessinée fantastique, dans tous les sens du terme ? Enfin, le dessinateur conteur s’est adjoint l’aide d’un scénariste pour planter le décor et poser les personnages. Cyann Olsimar, sosie de Béatrice Dalle (p. 96), conduit l’expédition vers Ilo afin de ramener des plantes rares capables d’enrayer la progression des fièvres pourpres qui déciment les hommes mais épargnent les femmes de sa planète. On nage dans le conte de fée selon la définition donnée par Vladimir Propp. L’héroïne doit accomplir sa mission mais les embûches sont nombreuses. Complot, attentat, sabotage tentent de retarder le décollage de la fusée. On ne frémit pas un seul instant car Cyann, fière et ombrageuse, de haute naissance, à la langue bien pendue, est vaillante et habile, en dehors de ses relations familiales. Sa fierté bute sur l’orgueil de son père et leur amour réciproque est inavouable. Une mise en page sobre, un cadrage pertinent et des dialogues à double sens se combinent parfois et apportent une émotion contenue ainsi qu’une dimension métaphysique inattendue (p. 115) : « Son prochain grand voyage, il peut se le faire tout seul… » On sent bien que François Bourgeon aime les courbes et les rondeurs féminines. Tout semble prétexte à mettre dans le cadre les fesses et les seins des jeunes femmes à travers des tenues légères et transparentes sans toutefois parvenir à insuffler de l’érotisme ou de la sensualité. Les coiffures sont fort laides et les tenues vestimentaires parfois ridicules. Cependant, on peut aussi admirer des paysages de bord de mer inspirés (p. 42-44). Ici ou là, le lecteur se trouve accroché et peut envisager d’embarquer dans le Cycle de Cyann en espérant sentir la force du conte et le souffle de l’épopée dans les volumes suivants.
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