[Brooklyn Follies | Paul Auster, Christine Le Boeuf (Traducteur)]
Dans " Brooklyn follies" Paul Auster nous donne à voir une sacrée brochette de personnages bléssés par la vie ; il y a d abord Nathan, 59 ans, rescapé d un cancer , qui cherche à Brooklyn un "endroit tranquille ou mourir" ; il y a son neveu,Tom, brillant étudiant , qui se retrouve chauffeur de taxi puis vendeur dans une librairie,il y a Harry Brightman , juif, homosexuel, faussaire,et neanmoins éminemment sympathique propriétaire de la dite librairie...sans oublier Aurora, la soeur de Tom et sa petite fille Lucy.
Auster nous raconte,style magnifique merci la traductrice, les destinées entrecroisées de ces personnages qui nous ressemblent tant. L intrigue, l histoire ( en fait il n ya pas d intrigue à proprement parler) est chronologiquement située au moment de l élection de Busch à la présidence des USA et se termine le 11 septembre 2001, c est l occasion pour Paul Auster,via ses personnages, de fustiger l inconséquence des "neocon" de la droite américaine, de tirer à boulets rouges (comme l on dit) sur les nouvelles sectes évangéliques du sud profond, de railler cet appétit de puissance qui détruit tout ce que lAmérique représente dans l imaginaire collectif de millions de terriens .
Et puis il y a une petite musique Paul Auster ! ( ce n est pourtant que mon deuxieme livre de lui ), une légereté grave, une coexistence paisible et dédramatisée de la vie et de la mort, une appréhension relativiste de l existence ; ainsi dans Brooklyn follies le questionnement perpétuel de nos héros sur les conséquences qu un acte, qu une décision, à priori fruit du hasard, peut avoir sur les destinées futures...( théorie bien connue du battement d ailes d un papillon en Chine qui donnera-cause-effets-un ouragan au Brésil...).
Allez, assez de prise de tete, un petit passage du livre.
Nathan, Tom et Lucy sont Dans le Vermont ; Nathan est en comtemplation devant le paysage: "Si je garde de cette journée quelque souvenir, ce n est que sous la forme d un puzzle non assemblé, d une masses d impressions isolées.
Un bout de ciel bleu ici ;là un bouleau dont l écorce reflète la lumiere du soleil. Des nuages qui ressemblent à des visages humains, à des cartes géographiques, à des animaux de rèves dotés de dix pattes.
L éclair soudain d un orvet qui se faufile dans l herbe. Les quatres notes de lamentation moqueuse de l oiseau invisible. Les milliers de feuilles d un tremble frémissant comme des papillons bléssés au souffle du vent dans les branches. Un par un, chacun des éléments s y trouve , mais l ensemble manque, les pieces ne correspondent pas et je ne peux rien faire d autre que rechercher les vestiges d un jour qui n existe pas dans sa totalité.
et puis aussi ( là je me fais un peu plaisir...) : "L immobilier est la religion officielle de New York, son dieu est vetu dun complet à fines rayures est son nom est Fric, Mr Toujours-plus-de-fric. Ma seule consolation devant ce triste état de choses, c était la certitude que Tom et Rufus ne seraient plus jamais dans le besoin. "
On peut remplacer NY par la ville de son choix...
Donc, un bon livre, un trés bon livre, un rayon de soleil !
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]
Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre