3ème volume, 333 pages dessinées, Le Sommet des dieux de Jiro Taniguchi se lit à souffle tendu. Fukamachi cherche Habu à Katmandou. Flash back : le 8 juin 1924 à 6h10, George Mallory et Andrew Irvine partent du camp 6 situé à 8230 mètres d'altitude avec l'espoir de fouler le toit du monde pour la première fois. Les deux bouteilles d'oxygène jugées indispensables dans l'air raréfié de l'Everest pèsent 28 kilos sur le dos de chaque alpiniste. Dalles calcaires friables, palier abrupt en roche dure, second ressaut très raide, le retard s'accumule puis Mallory et Irvine disparaissent sans laisser d'autres traces qu'un appareil photographique retrouvé des décennies plus tard par Habu. La pellicule peut remettre en question toute l'histoire de l'alpinisme. Fukamachi est fasciné par Habu tout autant que par l'appareil photographique. Le récit se déroule lentement, le temps que le lecteur s'acclimate puis le kidnapping de l'ex fiancée de Habu accélère l'histoire. Habu s'incarne enfin dans le temps présent du récit. On découvre un peu plus sa vie, son projet dément, l'ascension hivernale en solitaire de l'Everest par la face sud-ouest, sans oxygène d'appoint. Taniguchi sait tenir le lecteur en haleine par des ellipses, des retours en arrière, une mise en scène cinématographique. Il montre aussi de la pudeur et de la finesse quant à la restitution des sentiments entre les personnages. L'histoire est plausible de bout en bout. On peut juste regretter l'usage excessif des onomatopées : "zap, zap, zaa, haa, haa, fwuuuuushh, dodom..." qui appuient les actions des protagonistes et aussi le lettrage qui gâche certaines images. Ces détails ne peuvent toutefois faire oublier que l'on se trouve en face d'une oeuvre importante.
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