Atomic Bomb réunit trois récits complétement déjantés, variations sur le destin de deux potes unis dans une solide relation d'amour/haine et qui interrogent le monde avec des yeux de gosses et une logique détraquée pour y trouver le sens de leur existence :
Il y a Collins et Kelvo, deux septuagénaires au cerveau grillé par les drogues, qui décident soudainement de s'offrir le suicide du siècle en surfant sur la vague d'une bombe atomique.
Il y a Nik et Valk, deux extra-terrestres en forme de poires, nés avec le Big Bang et épris d'infini, si bien que notre monde où tout a une fin leur devient vite insupportable, et qu'ils se mettent en quête d'un trou noir pour s'échapper.
Il y a enfin Ko et Ka, deux rats un peu perdus après la disparition de leur mère, et qui se lancent dans une croisade terroriste contre Nintendo.
Il faut bien sûr laisser toute rationalité au placard pour pouvoir apprécier ce roman délicieusement barré, ce joyeux délire écrit dans un style dynamique et bourré de références culturelles à Walt Disney, à Brautigan, aux préraphaélites, ou encore à Kerouac dont le fantôme fait une brève mais sympathique apparition. Même si j'ai trouvé que la troisième partie s'essoufflait légèrement, je me suis éclatée (c'est le mot) sur certains passages d'anthologie (comme la lettre que Collins écrit à Walt Disney pour le féliciter d'avoir infiltré le milieu des souris qui parlent et complotent). Il y a également une dimension assez touchante dans ce livre qui est un hommage à l'amitié, et dont les accents finalement assez noirs nous parlent du désespoir de l'existence : " On ne sait pas d'où on vient, on ne sait pas où on va, on sait à peine qui on est, c'est la panique existentielle absolue, mon pote, je vois même pas comment le mot
super peut t'effleurer le cortex."
Renversant.
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