Lucile est une quadragénaire cadre parisienne, issue d'une famille bourgeoise aimante mais exigeante, qui travaille dans une agence de publicité. Soutenue par une fratrie de quatre aînés, épanouie et heureuse en ménage sans enfant, cultivant une passion pour l'aviation et moult loisirs culturels, elle s'investit sans limites et avec satisfaction dans sa profession. Mais l'arrivée dans la société d'un supérieur hiérarchique qui lui veut du mal, ou simplement qui met en application la stratégie RH du harcèlement professionnel à outrance pour obtenir par la terreur, la manipulation et la pression un surcroît de productivité, la conduit progressivement vers le burn-out. Au fur et à mesure que se déroulent les étapes de la dégradation de ses conditions de travail et que s'estompe sa confiance en soi, sa vie conjugale se détériore ainsi que sa santé. La succession des tentatives infructueuses de se préserver de cette détérioration comporte d'abord des vacances, ensuite des prises en main de plus en plus directives de la part du compagnon, Romain, qui voit bien que la pérennité du couple est mise en péril d'abord par le déni de Lucile, ensuite par sa prise de conscience de son incapacité à réagir aux abus subis, à cause du rapport au travail qui lui a été inculqué par ses parents. Il lui faudra tout perdre, sa vie conjugale et son emploi, pour enfin oser s'affranchir de ce carcan et se déterminer à entreprendre une activité plus conforme à ses désirs et à ses inclinations. Jusqu'au happy end où justice est faite vis-à-vis du harceleur, le couple se reforme, les parents se montrent indulgents envers la nouvelle activité qui débute...
Ce bref récit auto-fictionnel comporte quelques maladresses stylistiques (et quelques dysorthographies non corrigées), une structure déséquilibrée détaillant en longueur la progression des conséquences du harcèlement au détriment de la partie intitulée « Renaissance », où la perte de l'emploi, ses conséquences jusqu'à l'élaboration du nouveau projet professionnel sont presque entièrement éludées. L’Épilogue contenant la chute paraît d'autant plus bâclé que son dénouement semble invraisemblable. Mais le mérite du récit, par rapport à d'autres que j'ai eu l'occasion de lire sur le même sujet, est d'avoir donné un poids congru à la question de l'impact du burn-out sur la vie privée et familiale.
Cit. :
1. « - Excuse-moi mais je ne comprends rien à ton taf.
Cinglante comme une lame de fond, cette remarque la laisse sans voix. Portant sa tasse de café maintenant froid à ses lèvres, il lui faut plusieurs secondes pour maîtriser son agacement et lui répondre le plus calmement possible.
- Je ne comprends pas ce que tu ne comprends pas.
Lucile sent que la situation prend une allure de dialogue de sourd avant même le début de leur collaboration. Bienvenue en absurdie. Violence de l'échange en milieu kafkaïen.
- Non mais ce que je veux dire, c'est que, de ce que tu me décris, je n'ai pas besoin d'un poste comme le tien, continue-t-il.
- Je viens de te décrire le poste et la mission pour lesquels j'ai été embauchée... avant ton arrivée, rétorque-t-elle. Je ne comprends donc pas ce qui est à remettre en cause.
Cette discussion tourne au désavantage de Lucile qui perd pied. Le gouffre du regard ténébreux de son futur manager la fige sur place. Son sang se glace à mesure qu'elle se rend compte qu'aucun argument n'aura raison de l'avis que Manuel s'est déjà fait à son sujet. Il ne veut pas d'elle et prévoit de lui mener la vie dure. Elle en mettrait son expertise de directrice de l'anticipation à couper. » (p. 33)
2. « Cette période ne peut que la faire douter. Elle, si sûre, vacille sous les coups de boutoir. En se regardant dans le miroir, l'image de la femme élégante avec des compétences oratoires indéniables s'éloigne progressivement. Il lui faut se répéter ses valeurs pour y croire encore. Elle sait présenter, vendre ses idées et s'imposer tout en douceur. Elle considère son auditoire et l'amadoue grâce à sa vivacité et son charme. Y croire encore avant d'attaquer le Comité de Direction. Elle est l'invité surprise et privilégiée de cette réunion du mercredi après-midi. » (p. 43)
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