Le sous-titre de l'édition destinée aux scolaires est "10 microfictions théâtrales sur la relation amoureuse" : "Divorce", "Ménage", "Séparation", "Mariage", "Mort", "Philtre", "Attente", "Enfants", "Mémoire", "L'amour ne suffit pas".
Les scènes sont effectivement le plus souvent brèves, le dramaturge se borne parfois à quelques éléments verbaux et scéniques pour créer une atmosphère et laisser le spectateur/lecture bâtir l'avant et l'après. Les plus microscopiques ont parfois l'air falotes, dépourvues du sel comique qui est en train de devenir la figure imposée des drames, mais en y repensant, j'ai envie de les relire. J'ai quand même plus souvent préféré des scènes plus développées verbalement, plus ambitieuses peut-être aussi au niveau de la tension dramatique. La gestuelle à portée symbolique de la saynète "Mort" m'a séduite et c'est probablement celle qui m'a le plus parlé. J'ai été aussi très émue par "Mémoire", celle qui explique la métaphore de la réunification des deux Corées et plutôt que de repasser par le mythe rebattu des retrouvailles des androgynes. Les plus énigmatiques, pendant longtemps, sont "Philtre" et "Enfants" et le premier pose la grave question du consentement d'une manière inextricable : que veut réellement la femme ? qu'a réellement fait l'homme ?
J'ai lu, malgré mon intention de m'en abstenir, quelques pages d'entretien avec Joël Pommerat, qui expliquait comment il travaillait et quelles furent ses premières mises en scène : le choix d'une scène bifrontale (les spectateurs sont placés des deux côtés de la scène) m'a expliqué la didascalie presque omniprésente de la traversée d'un couloir. C'est cette information a posteriori qui m'amène à penser que les saynètes posent toutes la question du chemin qu'on traverse dans nos relations, la difficulté à avancer, quitter, venir vers son sentiment, vers l'autre, vers un·autre, parfois aussi la réitération ("Mariage", "Mémoire"...), et bien sûr, la fin du chemin ("Séparation", "Ménage")
C'est vraiment à relire (ou à voir), car ça se lit (trop) vite.
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