Le vain d’Essling.
Dans la banlieue de Vienne, Essling aurait pu être un lieu de grasses sucreries et de danses tournoyantes mais la bataille napoléonienne de mai 1809 a fait valser autrement l’histoire au goût de fiel. La victoire à la Pyrrhus des Autrichiens et des Français, chacun tirant la couverture à soi, ne peut dissimuler les pertes humaines colossales (45 000 hommes perdus en deux jours de combats acharnés) et un statu quo ante bellum imposant la bataille de Wagram, deux mois plus tard, dans les mêmes parages avec à nouveau une hécatombe à la clé (34 000 soldats français tombés au champ d’horreur) et une victoire bien peu convaincante.
Le tome 2 de la trilogie consacrée à la bataille d’Essling, charnière dans l’épopée du Corse belliqueux, met les forces antagonistes en présence et en état de choc après les batailles rangées sanglantes. Très vite, la faille apparaît quant à la stratégie militaire française avec la construction d’un pont flottant sur le Danube, point central et névralgique de toute une logistique vitale. Les Autrichiens le savent et vont tenter de rompre le passage d’eau, cordon ombilical d’une armée peut-être possiblement défaite.
L’adaptation en bande dessinée est une réussite car malgré la rudesse et la complexité des combats, la multiplicité des protagonistes, la lecture s’avère limpide et prenante d’autant que l’issue est connue. On peut rager face aux sempiternelles menées bellicistes et aux pertes irrémédiables mais aussi admirer le faste et la fougue d’une jeunesse lancée à pleine allure dans une histoire qui la sublime. L’idylle de Stendhal vient atténuer le propos mortifère. Napoléon, Masséna, le colonel Lejeune haranguent, ferraillent ou galopent à bride abattue. L’histoire se fait, les hommes tombent, d’autres survivent et entretiennent la flamme.
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