Voici un récit de psychanalyse, très différent de ceux que j'ai pu lire jusqu'à présent. De nombreux indices laissent supposer qu'il est autobiographique et non romanesque, écrit sans doute une trentaine d'années après les faits relatés. On ne saurait dire s'il s'agit d'une psychanalyse réussie, tant est pesant le poids des silences (la cit. infra reproduisant l'échange verbal le plus long en absolu). Les symptômes et les évolutions comptent peu devant le sentiment d'oppression qui règne de façon prépondérante durant toute la lecture. Avec une grande maîtrise, les événements dramatiques que la protagoniste, jeune femme mariée de vingt ans, est en train de vivre en-dehors de son analyse, ainsi que quelques hypothèses sur son trauma infantile et ses relations avec sa mère sont dévoilés au lecteur, d'une manière qui représente avec réalisme une prise de conscience progressive de la part de la narratrice. De même, quelques indices donnent un ton suranné qui situe l'action dans le passé ; un seule petite incohérence de style à ce propos : « […] bien qu'en cette journée "portes ouvertes" il soit capable de me laisser faire. Cool. » (p. 164).
Cit. :
« Je respire et, dans un souffle, glisse un flot de mots :
- Certains événements sont assez forts pour modifier une personne. La douleur m'a façonnée.
Le psy, le visage pas très loin du mien :
- Tout sert.
Moi :
- Le malheur ne sert à rien.
Le psy :
- Tout dépend de ce que vous en faites.
Je hausse les épaules...
Lui, la voix douce :
- Vous parlez comme si vous aviez choisi les épreuves. Toujours ce sentiment de toute-puissance qui vous rend coupable. Vous préférez que ce soit à cause de vous, plutôt que l'idée de subir... » (p. 157)
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