Les lionnes en cage.
Kathleen Parker, Londonienne déboussolée, Abigail, jeune esclave noire encagée, Chumani, Indienne vengeresse associent contre vents et marées leurs peines et leurs talents pour survivre dans le grand Ouest américain où colons et indiens se massacrent à tour de bras. Malgré leur improbable association, elles s’obstinent, luttent et pourraient espérer s’en sortir si un tueur à gages mexicain n’était lancé sur les traces d’Abigail dont l’ancien propriétaire veut la peau quel que soit le prix à payer.
Sur un canevas classique et des personnages stéréotypés, le scénariste va dérouler son histoire de manière à capter et surprendre constamment le lecteur. Il n’hésite pas à marier les contraires et à forcer le trait selon toute vraisemblance à l’exemple du bâton de dynamite qui pulvérise une cabane sans éparpiller ses occupantes. L’association des extrêmes prévaut aussi dans le dessin d’Anlor avec un traitement graphique semi-réaliste stylisé parfois presque enfantin et des explosions cauchemardesques où l’hémoglobine gicle hors des cases. En la jouant à la Tarantino, des discussions détachées confrontées à des situations exacerbées, le risque est de minimiser voire d’exclure l’émotion au profit d’une surenchère visuelle tournant à vide. Une flèche ne suffit plus à tuer un homme. Il lui en faut plusieurs plantées dans le dos. La mise en couleur d’Elvire de Cock est vive et nuancée, riche et expressive. Elle donne du liant à l’histoire. Premier tome d’un triptyque annoncé, « Ladies with guns » est séduisant, dans l’air du temps et l’aventure devrait creuser davantage les personnages afin de lester le récit et de ficeler le lecteur.
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