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[La femme nue | Desmond Morris]
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apo



Sexe: Sexe: Masculin
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Posté: Mer 05 Jan 2022 13:45
MessageSujet du message: [La femme nue | Desmond Morris]
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Le zoologiste britannique auteur du célèbre Le Singe nu, s'attelle ici à explorer chaque partie du corps féminin apparente, dans une perspective évolutionniste visant à mettre en évidence ce qui la rend différente de son analogue masculine et de celle des primates. Vingt-deux parties du corps sont examinées qui constituent chacune un chapitre : la chevelure, le front, les oreilles, les yeux, le nez, les joues, les lèvres, la bouche, le cou, les épaules, les bras, les mains, les seins, la taille, les hanches, le ventre, le dos, les poils pubiens, les organes génitaux, les fesses, les jambes, les pieds. Pour chacune, il est d'abord question de l'évolution fonctionnelle propre à l'espèce humaine, et l'une des causes récurrentes des métamorphoses est naturellement la bipédie, qui a évidemment élargi et renforcé les fesses mais moins évidemment agrandi et arrondi les seins de manière à les faire ressembler à celles-là. Pour expliquer les différences entre les sexes, les conséquences de la spécialisation genrée du travail entre chasseurs et cueilleuses sont avancées ; mais souvent la seule raison du changement réside dans le signal visuel de la différence sexuelle, mise en relation avec un appel sexuel correspondant, qui, en l'absence de tout message relatif à l'ovulation, constitue ce que je qualifierais de tendance archaïque au fétichisme masculin. Les différences d'aspect servant à signaler le sexe sont néanmoins complexifiées par une tendance évolutive forte du corps féminin vers la néoténie, entendue ici comme la sélection évolutive de caractéristiques physiques infantiles, ou plus généralement juvéniles. La néoténie est un élément « moderne » par rapport auquel l'anatomie féminine est plus avancée que la masculine (cf. cit. 1). L'appréciation diffuse de la blondeur des cheveux en est l'exemple le plus emblématique.
Une fois expliquées les caractéristiques évolutives de l'organe et les différences entre les sexes, la variabilité culturelle des goûts et des modifications-embellissements (y compris les plus atroces : l'infibulation, l'élongation du cou des « femmes girafes » de Birmanie, l'application des disques labiaux d'Afrique, le corset occidental, le raccourcissement des pieds des femmes chinoises durant plus de mille ans...) que chaque société lui octroie est décrite : il est donc question de mode, de maquillage, de tatouages, d'insertions et d'ablations...
L'anthropologie faisant ainsi agréablement irruption dans le texte, l'auteur nous gratifie d'une profusion d'anecdotes délicieuses relatives à toutes les époques et jusqu'aux plus lointaines contrées, de l'a priori injustifié de Freud contre les plaisirs buccaux sans doute dû à son cancer du palais, à l'impressionnante collection de 3000 paires de chaussures d'Imelda Marcos, le « papillon d'acier » de Manille, de la forme stylisée du cœur, symbole de l'amour qui ressemble fort peu à un vrai cœur mais beaucoup aux fesses de la femme vues de derrière, au maquillage d'Elizabeth Taylor dans le film Cléopâtre de 1961 qui lança une mode qui dura des années...
Deux séries de très belles photos en couleurs agrémentent et illustrent le texte d'exemples éloquents.


Cit. :


1. « […] À mesure que les deux genres humains évoluaient vers toujours plus de néoténie, le comportement des mâles devint plus enfantin (tout en manifestant peu de changements physiques), alors que celui des femelles le fut de moins en moins (tout en conservant plus de qualités physiques propres à l'enfance).
Il est important d'insister ici sur le degré de différence entre les hommes et les femmes. Je me suis efforcé de lister quelques contrastes entre les sexes, mais il est crucial de se rappeler que chacun des deux genres humains fait preuve de cent fois plus de néoténie, à tous points de vue, que les genres des autres espèces. Les disparités entre hommes et femmes sont bien réelles et très intéressantes, mais elles restent minimes. » (p. 8)

2. « Le contact visuel prolongé ne se produit que dans les moments d'amour ou de haine intenses. La plupart des gens, dans la plupart des situations, ne se regardent pas les yeux dans les yeux pendant plus de quelques instants sans ressentir de l'agressivité, et détournent donc rapidement le regard. Chez les amants, la confiance réciproque est si forte qu'ils peuvent soutenir le regard de l'autre sans ressentir la moindre peur. Ce faisant, ils évaluent inconsciemment le degré de dilatation de la pupille chez leur partenaire ; s'ils voient deux larges ronds noirs, ils savent intuitivement que leurs sentiments sont partagés ; s'ils ne voient que deux petits points, ils se sentiront peut-être mal à l'aise, s'apercevant que tout ne va pas pour le mieux dans leur relation. » (p. 71)

3. « Si les aisselles des êtres humains émettent de si puissants stimuli sexuels, pourquoi tant de gens cherchent-ils à les gommer – à force de se laver, de se frotter, de les vaporiser et, pour les femmes, de s'épiler ? L'explication se trouve du côté des habits. […] Malheureusement, aujourd'hui nous couvrons notre corps de nombreuses couches de vêtements, et notre peau transpirante peut facilement devenir une serre où pourrissent des millions de bactéries. Notre odeur corporelle naturelle vire à l'aigre dans cet environnement confiné, et nos senteurs deviennent puanteur. » (p. 148)

4. « Il semble aller de soi que les seins vont par deux, mais ce n'est pas toujours le cas. Une femme sur deux cents environ en a plus de deux : cette particularité est appelée polymastie. […] Le cas le plus extraordinaire est celui d'une Française, présentée à l'Académie française de médecine en 1886 par un professeur éminent. Elle n'avait pas moins de cinq seins, tous parfaitement capables de produire du lait. Quelques mois plus tard, l'un des plus étranges concours médicaux de tous les temps fut à son comble lorsqu'un rival exhiba une femme polonaise dont les seins étaient au nombre de dix, tous fonctionnels.
[…] Plusieurs femmes célèbres disposaient de plus de deux seins. Julia, la mère de l'empreur romain Alexandre Sévère, était dotée de plusieurs seins, et fut surnommée Julia Mamaea. […] Ann Boleyn, le femme malheureuse d'Henri VIII, avait aussi, dit-on, un troisième sein – l'allégation est fidèlement rapportée dans les livres d'anomalies médicales. » (pp. 182-183)

5. « Il existe en effet une théorie derrière ces transformations vestimentaires, que des savants allemands formulèrent pour la première fois dans les années 20. Ils expliquèrent que, dans le monde de la mode féminine moderne, existe un principe appelé le Déplacement des zones érotiques. Ce principe stipule que les jeunes femmes chercheront toujours à exposer une partie de leur corps, mais que cette région ne sera pas toujours la même. Alors que telle partie est recouverte, telle autre se découvre. Il y a deux raisons à cela. La première est l'attrait de la nouveauté : toue exhibition nouvelle est excitante parce qu'elle est inédite. La seconde est la pudeur : si une femme expose plus d'une partie de son corps à la fois, l'effet est trop vulgaire. Pour conserver une certaine fraîcheur, mais sans exagérer, les zone érotiques se déplacent donc régulièrement d'un endroit du corps à l'autre, au gré des modes. En ce début du XXIe siècle, il s'avère que l'accent est mis sur le ventre. » (p. 208)

6. « On a découvert que chez les jeunes Britanniques arrivés à la puberté, l'aversion pour les araignées augmente sensiblement chez les filles, mais pas chez les garçons. À l'âge de quatorze ans, le moment précis où les poils pubiens se développent le plus vite, la répugnance pour les araignées fait un bond considérable, et devient deux fois plus forte chez les filles que chez les garçons. À première vue, il n'y a pas de lien évident avec les poils pubiens. Mais lorsqu'on demande aux jeunes filles en question d'expliquer pourquoi elles détestent tellement les araignées, elles répondent presque toujours : "Parce qu'elles sont poilues et dégoûtantes." Les garçons, qui s'attendent à voir apparaître des poils sur leur corps – comme leur papa – en sont beaucoup moins affectés. Si on les interroge, ils disent qu'ils n'aiment pas les araignées parce que "certaines d'entre elles sont venimeuses". » (p. 227)

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