Derrière le miroir.
Sans suer et sensuel, Frédéric Schiffter s’arme d’une langue littéraire classique et de l’esprit de clarté qui l’accompagne pour délivrer un roman où la fiction sublime le vécu, « par surcroît ». Des thèmes récurrents chers à l’auteur irriguent la narration fictionnelle à l’instar du surf, de la côte basque, de l’idéologie, de l’amour, de la mélancolie. Derrière la répétition apparente, chaque instant est unique et jamais la même vague n’agite la surface de l’océan.
Alice Cazaux et Boris Brissac ont tous deux la quarantaine et comme tout un chacun, ont eu maille à partir avec la vie. La croisée de leurs trajectoires est le nerf du roman. Brissac est avocat et défend les cas-limites comme celui de Francisco Milan, néonazi accusé d’avoir frappé à mort un jeune antifasciste. La récupération politique du fait divers et l’audience médiatique échauffent les esprits. Brissac se fait molester à son tour.
La première incursion romanesque du « philosophe balnéaire » est un constant plaisir de lecture. Seul bémol anecdotique, Frédéric Schiffter est maladroit à décrire frontalement les scènes de sexe. Il mérite amplement la palme du Bad Sex Award pour ses descriptions cucul. Son aisance et son élégance littéraires ne souffrent pas le salace. Le lecteur captivé suit l’itinéraire d’Alice, personnage solide et central du roman. La narration distanciée restitue avec force le destin d’Alice, son envol et les coups pris dans les ailes. On ne peut qu’apprécier ce personnage positif, pugnace, sensible et intelligent qui sait faire corps avec les vagues. Sensible mais pas joyeuse, l’œuvre distille l’art de vivre un bonheur dilettante dans un lieu aimanté.
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