Le Docteur abuse.
L’enfance de Théo Becker dans l’Allemagne exsangue de 1918 est celle d’un garçon misérable, prêt à rejoindre les 760 000 morts de famine. Famélique, roué de coups, à l’agonie, Théo est repéré par Ulrich Neustäter, fils « prometteur » d’un clinicien reconnu, alors âgé de 14 ans, futur « Doktor U » SS du Reich. Ulrich souhaite faire des expériences sur un cobaye mâle de son âge. Théo reprend des forces pour découvrir dans le hangar attenant des cobayes humains morts et pendus à l’envers comme des quartiers de viande dans une chambre froide. Ulrich laisse pourtant partir Théo après l’avoir emmené à un meeting d’Hitler. Le futur führer galvanise les esprits et promet un avenir à une population abandonnée. Théo rejoint la SS et devient le protecteur de Neun, l’un des treize clones d’Hitler. Refusant l’extermination des enfants, Théo se rebelle et prend la fuite avec Neun. Il croise la route de Naomi Resinger, protectrice d’Acht, frère de Neun qui désobéit aussi aux ordres de destruction des clones. Pour les nazis, l’héritier est unique. Les douze autres clones sont des parasites. Théo et Naomi ont beau ruer dans les brancards, l’étau se resserre et le Doktor U tire les ficelles, sans passion mais avec une efficacité diabolique.
Avec sa couverture accrocheuse, Naomi, sabre en main, pose dans son uniforme SS, jambes croisées, moue affichée, le second tome ne faiblit pas en intensité. Le tempo est soutenu et le flash-back donne de l’épaisseur aux personnages. Le récit, au présent de l’uchronie, est enrichi par la mise en place d’un plan orchestré par le Doktor U et par le recentrage sur les deux clones confrontés au doute et au mal.
Avec son trait anguleux et charbonneux, le mangaka poursuit son histoire avec l’implacabilité d’un démiurge inspiré.
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