Ami-ami à Miami.
En ramenant Dale Crowe Junior, un délinquant fugitif à la prison, le marshal fédéral Raylan Givens montre en chemin une partie de son talent, entre flegme et compétence, attitude avenante et violence maîtrisée. Dale et deux pirates de la route remorqués en chemin, se croyant les rois du ring, vont prendre les gnons qui recadrent. Après ce premier chapitre introductif percutant et réjouissant, par le calibre des dialogues engagés et les situations à tir tendu mais cool quand même qui posent le personnage central, les chapitres suivants peuvent embrayer sur le cœur de l’histoire, une prise d’otage où le détenu monnaye sa rançon. Le concept ne manque pas de sel surtout quand l’otage n’est autre qu’Harry Arno, un bookmaker de Miami venu réclamer, par l’intermédiaire de Bobby le jardinier, homme de main sans scrupule, son dû à Chip Ganz, loser prétentieux, adepte de la prise d’otage à la sauce libanaise. Tout pourrait sombrer dans la crapulerie anecdotique si Bobby ne s’alliait avec Louis Lewis, associé en indignité avec Ganz afin de doubler ce dernier et que Raylan Givens ne se sentait obligé d’intervenir pour retrouver son ami Harry Arno, ex de Joyce, son amante, tout un fatras bien humain, en somme.
Dans les romans d’Elmore Leonard (1925-2013), la cool attitude voisine avec les mentalités torves. Dans le tempo d’une situation burlesque, la violence extrême peut exploser. C’est une des forces du romancier et Raylan Givens catalyse ce principe. Les dialogues sont sans faille. Ils sonnent juste avec une économie de moyen remarquable. Les personnages sont bien campés même s’ils ne sont pas fouillés psychologiquement. Avec Pronto (1993), Beyrouth-Miami (1998) met en selle le marshal au stetson vissé Raylan Givens, économe de ses paroles mais tireur d’élite quand la situation l’exige. La série Justified (2010-2015) transpose le personnage principal dans le comté de Harlan, au Kentucky et le confronte aux rednecks du cru, la famille Crowder versé dans le trafic de drogue, le clan Bennett non moins gangrené par la violence et la bêtise, aux Crowe de Floride, caïmans ayant des visées sur le Kentucky et à toute une panoplie d’affreux mafieux vicelards. Entre les dialogues ajustés et l’humour affûté, le lecteur ne s’ennuie pas. L’auteur a du souffle et surtout il se fait un devoir de s’effacer afin que ses personnages prennent tout le relief archétypal auquel ils aspirent.
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