La matière noire transfigurée par la lumière.
En ignorant tout du poète et de son œuvre, l’association du titre « Boire le temps » et du patronyme « Causse » produit un or alchimique qui infuse et oriente l’esprit du lecteur. C’est irrationnel mais imparable. Boire le causse, le mélange est enivrant. On a envie de tendre la main vers le recueil de poèmes de Stephan Causse. Il faut aussi dire que l’éditeur lyonnais Jacques André soigne ses publications poétiques, sobres, élégantes et aérées : « Seule la chaleur du papier, ivoire et bouffant, va permettre aux mots de reposer sur une surface profonde et bienveillante », entrée en matière qui doit aussi s’accommoder d’une « prunelle » pas trop « irritée » du lecteur. La poésie ne peut pas être galvaudée. Elle est évidente ou absente. Souvent elle ne pulse qu’à travers des fragments, étincelle jaillie du silex des mots, presque par effraction. Ainsi du superbe poème placé presque au mitan du recueil où un galet ricoche avant de sombrer dans les froides noirceurs de l’oubli mais avant sa chute, il aura découvert « le ciel posé / à la surface de l’eau ». Stephan Causse joue avec les assonances, use de l’ellipse, insuffle sa vision du monde dans une géographie épurée, presque évanescente. Pour le poète, la vérité est relative, la volupté est absolue.
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