Rhialto le Sérénissime.
Alors que la Terre s’achemine vers sa fin avec l’extinction progressive du Soleil, une coterie de magiciens, décadente et obscure, se côtoie et se jalouse sous les apparats de la bienséance. Rhialto, surnommé le Merveilleux, pour son élégance tapageuse et ses poses infatuées, est le personnage récurrent des trois nouvelles regroupées dans le recueil éponyme. Si Llorio la « Murthe », réincarnation d’une sorcière quasi invincible ensorcelant les hommes et les métamorphosant en femmes assujetties constitue l’entame du récit, cette première nouvelle d’une quarantaine de pages, à la chute expéditive n’a que des vertus apéritives. L’histoire suivante intitulée « Fauhure » de 140 pages constitue le cœur de l’ouvrage et tient toutes ses promesses roboratives et gustatives. Les manigances du magicien Hache-Moncour pour discréditer Rhialto et l’amener à la ruine, dissimulées sous les apparences de la bonhommie bienveillante, sont goûteuses, capiteuses, étourdissantes par la rouerie déployée et les conséquences exacerbées. Afin de retrouver une charte volatilisée qui aurait pu le dédouaner des griefs infondés qui lui sont imposés et le rembourser du pillage de sa propriété (la perte des pierres ioun catalysant la force magique est un préjudice intolérable), Rhialto part dans le passé, s’aventurant à saute-mouton au-dessus des éons, afin de retrouver le manuscrit fondateur qu’Hache-Moncour s’évertue à escamoter quelles que soient les époques traversées. L’ultime nouvelle, « Morreion », une odyssée des magiciens aux confins de l’espace, au bord du Rien, afin de repêcher l’illustre mage Morreion échoué sur une planète prison et récolter une flopée de pierres ioun, n’est pas en reste même si elle décline quant à l’intensité déployée par la précédente aventure comme le soleil soufflé de la Terre mourante ou comme une liqueur ancienne légèrement éventée. Néanmoins, « Rhialto le Merveilleux » clôt avec éclat le cycle de la Terre mourante. L’emphase casuistique volontiers bouffonne, les avancées masquées, les palais volants, les atours chatoyants rappellent un monde déclinant, s’envasant dans les lagunes de l’oubli, telle une Venise resplendissante masquant son inévitable ruine dans un carnaval fantasque et frénétique.
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