Voici mon second véritable coup de cœur de l'année. Quelle incroyable puissance se dégage de ce roman. Pendant les premiers chapitres j'avais envie de hurler à David Lurie de ne pas se laisser aller à faire ce qu'il faisait, mais évidemment, le narrateur l'a laissé faire...
Un livre puissant, mais qui m'a terriblement remuée et angoissée. Les personnages sont comme pris au piège (de leur émotions, de l'injustice, de la société), et ils semblent si peu se révolter. Ils semblent accepter, ou tenter d'accepter, avec résignation et dans la douleur, des choses qui me donnent envie de hurler. Ils se battent, mais pas pour changer les choses: ils se battent pour accepter.
La peinture de l'Afrique du Sud post-apartheid m'a fait froid dans le dos, tout en faisant écho à certains questions qui se posent aussi en France (mais dans une bien moindre mesure évidemment). Le passé colonial et esclavagiste français, bien que lointain, est encore bien présent dans les esprits. J'ai toujours refusé tout sentiment de culpabilité (comment pourrais-je l'être pour des actes auxquels je n'ai pas pris part, et que je condamne?), mais comme certaines personnes se revendiquent être des victimes "par héritage" (auquel cas il y a symétriquement des coupables par héritage), la question traverse tout de même encore la société française. Je peux dès lors aisément imaginer les problèmes que cela pose s'il n'y a pas 60 ou 200 ans de recul...
Je termine en recopiant une citation d’œdipe, à laquelle le héros pense lors du tout premier chapitre du roman: "Ne dis jamais qu'un homme est heureux avant sa mort".
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