L’humilité du marcheur.
Léger petit livre blanc en lévitation, à l’image du beau pastel de couverture, « Dromomanie » n’est pas un bréviaire de la marche même si elle irrigue en soubassement les dix-neuf textes brefs et ciselés du recueil. L’auteur, libraire et poète, s’y dévoile modestement. Comment ne pas s’y reconnaître quand il introduit son premier texte, « Des fourmis dans les jambes » par une citation de Siri Hustvedt, poétesse américaine d’origine norvégienne : « Mes plus grands bonheurs consistaient à dessiner, à lire et à rêvasser ». Ces trois verbes complémentaires s’enrichissent et définissent un parcours personnel mais, comme le précise Joël Cornuault, ils n’excluent pas les autres, le contact, les échanges, la vie. L’auteur éprouve, sans esprit de caste, une sympathie innée pour « l’être à part », hors des enrégimentements. Ce court texte autobiographique introduit les chapitres suivants faits de connivences avec des hommes écartés des sentiers rebattus, Henry David Thoreau, Elisée Reclus, des productions intellectuelles marginales : « petites publications de poésie, d’anarchisme, d’art singulier, de végétarisme, d’histoire des jardins et de mille passions excentriques », des bistrots de quartier « hantés par des anonymes ». On y trouvera encore une évocation de citadins déambulant, de quartiers de ville se dévoilant, de l’eau de pluie circulant dans les caniveaux, jusqu’aux charmes liés aux lieux quand on égare ses repères sur des terrains archi connus. En guise d’épilogue, « La tombée des flocons » rappelle la joie simple et vive de la marche clandestine en moyenne montagne.
Mine de rien, « Dromomanies » est un livre fraternel, simple dans sa forme, complexe par ses affinités sous-jacentes, dans lequel chacun peut puiser à son gré, trouvant à s’y conforter ou à y dénicher de nouvelles pistes à emprunter, en vagabondant, « par sauts et gambades, par plaisir et enchantement.
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