Le « Diable » en personne.
Schongau, bourgade de Haute-Bavière, commerçante et prospère, en l’an de grâce 1659, bien qu’au seuil du monde moderne, n’en a toujours pas fini avec l’Âge sombre médiéval, ses superstitions, ses meurtres odieux, sa justice expéditive et son exécuteur municipal. Jakob Kuisl s’inscrit dans une longue lignée et occupe la fonction officielle de bourreau. Quand un jeune orphelin à l’agonie est repêché du Lech, tatoué d’un signe ésotérique, l’idée du diable et des sorcières gangrène immédiatement les esprits tourneboulés par un infanticide naturellement incompréhensible. La sage-femme Martha Stechlin est tout de suite prise pour cible de la vindicte populaire du fait de rapprochements hasardeux mais suffisants pour la désigner d’office coupable. Il lui suffira de la faire avouer sous la torture sous l’œil des notables mais le bourreau rechigne à s’atteler à la tâche car outre sa reconnaissance de la valeur de la sage-femme en avance sur son époque par ses connaissances botaniques et sa pratique d’accoucheuse, Jokob Kuisl sait Martha Stechlin innocente. Il va donc s’évertuer à découvrir les tenants et les aboutissants d’une affaire plus complexe et retorse qu’elle n’y paraît mais pour cela il devra affronter le « Diable » incarné. Le bourreau est secondé par Simon Fronwieser, fils du médecin local, lui-même porté sur une médecine avant-gardiste, accessoirement amoureux de Magdalena, la fille de Jakob Kuisl.
1er roman d’une série initiée en 2008 et toujours en cours avec sept volumes au compteur, l’histoire se lit non sans plaisir bien que le fond de l’air effraie. L’époque est bien campée, les atmosphères savamment rendues avec une économie de moyens qui fait l’impasse sur les digressions historico-sociologiques souvent lourdes, même en bas de pages. L’intrigue est rondement menée et le suspens tient la route jusqu’au dénouement. Les personnages principaux sont attachants, crédibles et potentiellement riches car modernes dans leurs visions. A leur manière pragmatique et courageuse, Jakob, Simon et Magdalena posent les prémices d’une police scientifique à venir avec la recherche d’indices probants et de profils psychologiques cohérents.
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