J'ai été très impressionné par ce livre. Pourtant, ma réaction à la lecture des 30 premières pages était mitigée : j'ai cru que l'on allait avoir droit à une succession de photos sur Kigali plus qu'à un récit mais je me trompais. Très vite le livre acquiert une densité qui ne va cesser de croître jusqu'à la fin. L'histoire de Valcourt et de Gentille un peu improbable au début, prend une signification très forte au fil du récit, en particulier lorsqu'ils s'en vont tous les deux annoncer leur mariage à la famille de Gentille. Toutes ces recontres à la veille du drame sont très poignantes. Courtemanche trouve les mots justes pour traduire ce que peux ressentir un homme qui sent que le pire se prépare (les signes sont tangibles puisque les exactions ont commencé bien avant le déclanchement des massacres) et qui est impuissant à empêcher son avènement. On peut peut-être tenter ici un rapprochement avec le Docteur Rieux dans le roman d'Albert Camus La peste. Mais là où l'optimisme de Rieux-Camus pouvait encore espérer faire quelque chose contre le Mal, c'est à un constat plus amer d'impuissance que Valcourt-Courtemanche nous conduit.
Cependant, et c'est là que le livre m'a profondément touché, c'est du fond de ce trou noir que Courtemanche trouve la force d'écrire ce récit qui est tout autant une histoire d'amour - magnifique - qu'une histoire de haine.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]
Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre