Chapeau bas !
Pote de Dick Speed, policier à Detroit, Jack Ryan devient agent de justice sur ses conseils. Apte à délivrer dans les plus brefs délais actes et convocations officielles, Ryan sait s’y prendre pour dénicher et convaincre le quidam récalcitrant à accepter toutes assignation ou autre sommation coercitives. Fort de sa réputation, il se voit confier en extra une recherche sur un certain Robert Leary Junior, disparu des radars, selon Dick Speed « une merveille… de merde », par M. Perez, mystérieux affairiste affable mais affûté et dangereux notamment par l’intermédiaire de son bras droit des basses besognes, Raymond Gidre. Leary, tout malfrat qu’il est, braqueur, meurtrier et déjanté n’en serait pas moins héritier d’un pactole à son insu. Or, Robert Leary Junior est en dette, encore à son insu, avec un ex acolyte de braquage, Virgil Royal, élégamment chapeauté « à large bord, style Western ». Royal s’est armé de patience au pénitencier de Jackson ainsi que d’un « Hi-Standard calibre douze ». Jack Ryan, pour quelques billets de plus, va s’approcher négligemment d’un nid de frelons dopés aux pruneaux. Pour finir de savonner sa propre planche, Ryan va s’enticher de la femme de Leary, une pochtronne vulgaire mais sous la crasse et le débraillé luit peut-être une pépite ?
Appartenant au cycle de Detroit, « Homme inconnu n° 89 », sous des dehors accorts et policés (Jack Ryan fait tranquillement son business en cheville avec la police, M. Perez est gastronome et sait se faire onctueux), l’histoire baigne dans la misère noire, sordide, la crapulerie la plus crasse, la violence et la mort. Dans le jeu de dupes entre tous les personnages, il est difficile de savoir qui tirera vraiment en bout de course son épingle du jeu. Perez pourrait constituer l’archétype d’un combinard sans affect, capable de se saisir de toute opportunité pourvu qu’elle rapporte, en somme un néolibéral d’aujourd’hui issu de la Goldman Sachs, par exemple. Parfaitement dialogué, le récit court sur un tempo soutenu avec une accélération pétaradante quand les flingues prennent le relais.
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