[Le Bourreau. 1, Justice divine ? | Mathieu Gabella ; Julien Carette]
Dans un Moyen Âge roué et violent, le Bourreau délivre une justice expéditive au nom du Parlement de Paris. Masqué et anonyme, l’exécuteur public possède un don surnaturel qui lui permet de visualiser l’assassin en touchant un objet de la victime, de le convoquer, contraint et forcé et de l’occire en place publique. Efficace et incorruptible, il va pourtant lui arriver de douter sur le bien-fondé de son œuvre d’essence quasi divine quand l’assassin désigné, une femme en l’occurrence, n’en est peut-être pas un et que surgit le Bouffon, adversaire désigné du Bourreau et nanti lui aussi de pouvoirs surnaturels.
Premier volume d’un triptyque annoncé, l’entrée en matière s’avère d’abord confuse, moulinant les clichés et les références. Les super-héros masqués des comics sont transposés d’un Gotham City, ville américaine fictive à un Paris fantasmé. Si Batman a su rencontrer le Joker, le Bourreau doit encore vaincre le Bouffon (qui est aussi un ennemi de Spiderman dans ses premières aventures scénarisées par Stan Lee et dessinées par Steve Ditko). Ensuite, les flash-backs dégrossissent le passé du Bourreau et humanisent des comportements jusqu’à lors mécaniques et froids. Sous couvert de loi divine et d’invincibilité patentée, le Bourreau ne suscitait guère d’intérêt. Pathétique et vulnérable, il redevient accessible. Véritable travail d’équipe, la bédé n’est pas totalement convaincante avec un graphisme inapproprié, aux traits ronds, au manque de texture et d’épaisseur, parfois presque maladroit dans le rendu des expressions et des mouvements. En revanche, cadrages, couleurs, décors tiennent assez bien le haut du pavé, restituant efficacement rythmes et atmosphères. Au bout de la lecture, le sentiment est mitigé mais demeure l’envie de continuer la sombre aventure d’un banni de la vie.
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