[Maudit printemps : une enquête de Rocco Schiavone | Antonio Manzini]
La gangrène des âmes.
Rocco Schiavone, sous-préfet (commissaire) déplacé de Rome sur Aoste, souffre d’autant plus de la montagne et du froid qu’il neige en mai. Ses éternels Clarks s’avachissent sous le joug des intempéries. En dix mois d’expatriation, il en aura usé une bonne dizaine de paires et les chaussures en daim sont d’autant plus rares dans les contrées alpines qu’elles sont particulièrement inadaptées. Ce purgatoire voldôtain vire à l’enfer lorsque l’homicide y pointe le groin. Quand Rocco apprend la disparition de Chiara Berguet, fille d’un entrepreneur d’Aoste, il devine qu’il se trouve au sommet de son échelle personnelle des emmerdements, « immense et improcrastinable, un emmerdement de dixième degré ».
Bien que l’humour irrigue le récit, que le comique de répétition scande l’enquête policière, l’intrigue principale est sombre et glauque, les histoires ramifiées sont tragiques. Quand Rocco conclut l’affaire, il exprime son abattement à son collègue Italo Pierron : « Je n’en peux plus, de me jeter dans cet égout. De me salir, de devenir une espèce de rat pour mettre les mains sur ceux-là ». Et c’est ainsi que Rocco est grand, émouvant, attachant. Une 4e enquête vient d’être traduite en français que le lecteur suppose dans la trajectoire des précédentes histoires, humaines et enlevées.
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